Comment se sont noués les premiers contacts avec le Red Star avant ton arrivée en janvier 2022 ?
Pierre Sage : Les premiers échanges ont eu lieu aux alentours de début décembre 2021. Au départ ma position était d’être juste à l’écoute car j’étais très bien à l’Olympique Lyonnais mais je voulais honorer la marque de confiance et l’opportunité que l’on m’attribuait. J’ai alors rencontré Patrice Haddad et Habib Beye avec à l’esprit trois choses importantes pour moi : la compatibilité humaine, la compatibilité en termes d’idées de jeu et si c’était une logique à court ou long terme. Les réponses à ces trois questions m’ont fait basculer et je me suis dit pourquoi attendre une chose que je souhaitais voir arriver prochainement. J’ai eu des personnes persuasives en face de moi, habitées par le projet du club et j’ai senti une volonté pour que je vienne. C’est toujours important et stimulant de se sentir reconnu. On s’est mis d’accord aux alentours de Noël ce qui m’a permis d’intégrer le club le 5 janvier 2022.
On te décrit comme un « amoureux du jeu ». C’est quoi la philosophie Pierre Sage et quelles en sont les inspirations ?
Si je devais caractériser ma manière de concevoir le foot-ball (il insiste), cela tournerait autour du fait d’avoir un jeu attractif à la fois pour ceux qui le pratiquent, pour les coachs qui l’animent mais aussi pour les gens qui assistent aux matchs. Je souhaite que les joueurs aient de la joie quand ils ont le ballon, qu’ils soient capables de faire des choses qui génèrent des émotions et surtout qu’ils prennent énormément de plaisir. À la fois dans ce qu’ils font aux entrainements mais aussi dans ce qu’ils produisent en match. Bien évidemment, cet idéal-là, doit passer dans le filtre du contexte d’intervention. Peu importe qui et où on entraine, on est toujours confronté à différentes problématiques. Elles peuvent être relatives à l’état de forme physique et mental, aux suspensions, au profil technique et tactique du joueur. Tous ces paramètres font que l’idéal est toujours visé mais il n’est jamais atteint et c’est ça qui est stimulant. On attend quelque chose dont on est persuadé qu’elle n’arrivera jamais de manière complète et constante. On en aura des brides de temps en temps et quelque part, c’est ça qui nous nourrit et nous stimule à continuer de travailler. L’objectif de notre travail c’est justement de faire en sorte que ces brides arrivent un maximum de fois, pour nous permettent d’être performants et donc de gagner des matchs.
Cette vision du football, c’était important voir primordial que tu la partages avec Habib ?
Oui tout à fait. Je ne vais pas répondre à sa place, mais je pense qu’il est à peu près dans la même position que moi. Je ne me verrai pas faire autrement que comme je le fais aujourd’hui. Avec le staff nous défendons un certain nombre de principes. Si c’est pour faire l’inverse de ce que je pense, j’aime mieux ne pas le faire pour être honnête. En fait ce qui me stimule, c’est justement d’être dans une relation avec cet idéal que j’évoquais, de le toucher de temps en temps, de s’en éloigner, puis essayer de s’en rapprocher à nouveau. Mais faire complétement autre chose, même si ça peut marcher, je ne pourrais pas. Alors, oui, on va nous dire que de temps en temps que l’on devrait être plus pragmatique. Mais pour moi, le pragmatisme c’est de jouer avec le ballon pour marquer des buts. Être pragmatique c’est d’être capable de défendre en ayant le ballon, car quand tu as le ballon, tu ne te mets pas en danger.
Est-ce que l’on peut dire que le but face à Bourg-en-Bresse la saison dernière correspond à ce que vous recherchez ?
C’est une expression concrète de ce que l’on recherche. De mémoire, il y a huit joueurs différents qui touchent le ballon et deux joueurs qui ne le touchent pas mais qui par leurs déplacements sont très importants sur l’action. Ce qui est intéressant, c’est que si on avait pu le raconter avant, ce but est l’illustration de nos attentes. Ce jour-là, on a réussi à réaliser cette action car certaines conditions étaient réunies : les joueurs, leurs intentions et ce qu’a fait l’adversaire. Je pense que ce jour-là, on avait rendez-vous avec notre idéal. J’ai eu beaucoup de plaisir à vivre ce but en direct et j’ai encore beaucoup de plaisir à le revoir aujourd’hui, puisqu’il est dans une banque de données que j’alimente avec des situations référentes et celle-ci en fait partie.
On imagine que tu as également été séduit par le projet du club et les évolutions positives que le Red Star a connu ces derniers mois ?
Bien sûr. Si on parle déjà du club en lui-même, je me retrouve énormément dans le Red Star qui nourrit deux aspects. Le premier, d’avoir un patrimoine historique tout en ayant une volonté d’être dynamique. Le second, une volonté d’être dans une projection dans l’avenir avec des projets qui stimulent les personnes au quotidien. Pour moi, Marville est vraiment une bonne expression de cela et Bauer en sera aussi une à terme. Dans des bâtiments historiques, dans des lieux où se sont déroulées des performances historiques, il y a une logique moderne qui s’installe et qui remet les choses au goût du jour mais surtout qui ne balaie pas le passé. C’est important car nous ne sommes qu’un épisode du grand livre. Il y a un avant et il y aura un après et si on veut faire école dans notre période d’intervention il est essentiel de respecter ce qui s’est fait auparavant mais d’avoir aussi une vision sur ce qui va se passer ensuite. Concernant les projets du club et ses ambitions, ils ont été importants dans ma décision et aujourd’hui, tout ce qui était prévu se passe. Lors de ma prise de décision, je n’avais pas connaissance de l’arrivée de 777 Partners qui allait nous offrir plus de moyens pour atteindre les objectifs annoncés. Il y a une dynamique et elle est très positive. Après, on sait que l’on a besoin de temps. Des fois les chapitres s’écrivent en trois pages, des fois il en faut cinq ou six alors que l’on en avait prévu quatre. Peu importe le temps que l’on mettra et que l’on nous donnera pour le faire, on s’attache à faire du mieux possible parce que l’on a la même ambition que le club : celle de l’emmener le plus haut possible le plus rapidement possible.
Quelle image avais-tu du club avant de l’intégrer ?
J’étais dans un drôle de paradoxe puisque je n’ai jamais joué contre une équipe du Red Star. Cela n’a pas donc joué dans le capital sympathie assez important que j’ai pour le club. Je trouve que tout le travail effectué par le président et les équipes depuis quinze ans a été énorme. Ils ont réussi à remettre dans la lumière le club. Et quand on voit ça de l’extérieur on a envie d’en être, on a envie de faire partie de cette histoire-là ! Puis en tant que passionné du football, d’être dans le club de Jules Rimet c’est quand même quelque chose et ça, on ne pourra pas nous l’enlever.
Lorsque tu as rejoint le club, tu as eu la confirmation de l’image que tu en avais de l’extérieur ?
Je me rends compte aujourd’hui, au contact de toutes les personnes, peu importe l’antériorité qu’elles ont, elles ont toujours un grand respect pour l’institution et sa structure. On sent que les gens sont du Red Star, qu’ils défendent le club et ses intérêts, qu’ils lui veulent du bien. On sent qu’ils sont dans une relation d’amour avec le Red. Il y a beaucoup de respect pour lui, c’est quelque chose dont on prend soin et qui est très important dans la vie de tous ceux qui en font partie.
Crédit photo : @_parishs_