A peine redescendu de son petit nuage glorieux, le Red Star y remontait pour ce qu'on pouvait considérer – à juste titre – comme un match au sommet. Car le génie du football c'est aussi d'offrir toute une gamme de matchs au sommet, dans toutes les divisions, sur des terrains qui sont des temples sacrés ou des champs de patates longés par une haie de peupliers.
En même pas une semaine, le Red Star a donc disputé deux rencontres décisives. Et pour reprendre l'image du "tremplin", il saute encore un peu plus haut et se rapproche de son « but » qui est de s'envoler vers la Ligue 2 et d'ouvrir un centre de formation. Le propre de l'Histoire, c'est aussi qu'elle s'accélère – comme le temps, comme le sentiment de la durée.
Et qui n'a pas ressenti que les dernières minutes d'un match étaient terriblement longues ou, au contraire, tellement trop brèves ?
Pour une fois, on jouait un samedi après-midi. On disputait un derby ; un mot qui vient d'Angleterre, comme tout un pan de notre langue, comme coup de pied de coin, ou pénalité ou piedballon. A l'origine, le « derby » était une fameuse course de chevaux, puis il a désigné une rencontre de football entre deux villes voisines sinon entre deux clubs – ou deux quartiers – d'une même ville voire deux communes d'une même agglomération. Et il contient une sorte de supplément d'âme lié à la rivalité singulière qui l'anime. Ainsi, à priori, un match contre le Paris FC n'aurait pas la même saveur qu'un match contre l'Union Sportive Créteil-Lusitanos malgré ses racines plus profondes puisque le club cristollien fut créé l'année du Front Populaire.
Pour une fois, on jouait un samedi après-midi, et le Paris FC se présentait sous ses couleurs, orange, bientôt pressées. C'est pourtant lui qui marquait le premier but. Dans un scénario bien pensé, cet avatar servirait juste à démontrer que le Red Star était capable de remonter au score alors même que le temps commençait à se réduire comme peau de chagrin. Egaliser d'abord par un « penalty » tiré à merveille, puis prendre l'avantage par une tête qui ne devait rien au hasard, arriver au même résultat finalement que mardi soir, 2 buts à 1, mais la balance penchait – cette fois – du bon côté.
Par curiosité, j'ai voulu voir d'où venait le Paris FC. Et j'ai vu : une naissance tardive et assez artificielle, un nom choisi par référendum, un club balloté d'un stade à l'autre autour de la couronne parisienne, finalement posé à Charléty où son empreinte est accessoire quand je pense que j'y ai aperçu Mendès-France en mai 1968 et joué en amical contre le PUC le printemps suivant, que José Marajo y a battu un beau record de demi-fond et que – plus récemment – on a pu applaudir aux victoires du Flash de La Courneuve en finale du championnat de France de football américain.
Mais c'est un un autre grand, qui a le même âge canonique, à un an près, un an de moins que le Red Star, qu'il faut maintenant affronter. C'est aussi un autre match au sommet, encore plus décisif, contre Boulogne.