Dimanche dernier, retour à la Coupe, la grande, la Coupe de France qui a fait le renom du Red Star, la 98 eme de l'histoire. Au 7 eme tour, il reste 256 clubs qui en rêvent, plus ou moins, mais qui en rêvent tous. Avec l'entrée en lice des clubs de Ligue 2, c'est toutefois un club de division d'honneur qu'il faut affronter, un club remonté cette saison après trente ans de promotion (d'honneur), malgré un étrange dernier match qui faillit l'en priver, un 19 – 1, vous avez bien lu, 19 buts à 1, entre son rival et un club pour le moins complaisant.
Noeux-les-Mines, ça dit tout de suite quelque chose, pas seulement les mines et le terril derrière le stade, mais les mineurs et les fils de mineurs, ainsi Raymond Kopa né Kopaszewski, le Zidane de mon enfance, parti au Real, né à Noeux, joueur à l'Union Sportive de Noeux de dix à dix-huit ans, si bon qu'on lui finit par lui coller un boulot de chaudronnier au lieu qu'il descende au fond de la mine. Au passage, je retrouve des noms pas vraiment oubliés, Marx bien sûr, Joachim, un fameux avant-centre polonais et Krawczyck, prénom Richard, surnom Zébulon, qui a gagné avec Lens la Coupe Drago – encore un nom qui sont les madeleines de tous les vrais amateurs de ballon rond.
Tout le monde sait que le Red Star a gagné cinq Coupes ; les trois premières d'affilée en 1921-22-23, au stade Pershing, devant vingt à trente mille spectateurs, avec une équipe aguerrie qui balaie son adversaire de 1923, le F C Cette comme on l'écrivait à l'époque, la ville où venait de naître Manitas de Plata, mais à Saint-Ouen les mains d'argent c'étaient celles de Chayriguès ; la quatrième Coupe date de 1928, la cinquième contre Sète de nouveau, mais dans le contexte particulier de l'occupation – le 17 mai 1942 , à Colombes, par un temps lourd pour la saison, on parle du ciel, et encore plus lourd pour les coeurs. J'aime ce qu'en a dit un jour Fred Aston, l'ailier qui a marqué le but de la victoire : « On avait disputé l'épreuve toute l'année et on était arrivé au bout. On était obligé d'être content. C'est très naturel. Dans une autre période pourtant, cela aurait été meilleur », le goût du champagne eût été moins amer, car ce même mois le gouvernement de Vichy mettait en place le STO, le Service de Travail Obligatoire des jeunes français en Allemagne, qui conduisit Rino della Negra à entrer dans la clandestinité pour échapper à la réquisition.
Dimanche, il fallut les prolongations, le temps de voir le soir tomber, pour goûter à la victoire. On ne va pas chipoter. Il y aura donc un 8 eme tour pour le Red Star. Le hasard du tirage vient de donner Forbach ce mercredi matin. Balzac – dont l'ombre plane porte de Clichy mais qui ne connaissait pas grand chose au football – prétendait qu' « on n'est jamais aussi bien servi que par le hasard ». On peut ajouter qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, comme le dit un personnage (Palaprat) de la pièce d'un académicien (Etienne) que Balzac avait lu – et détourné.