Un amoureux du club et de son histoire. Originaire du nord de Paris et voisin de Saint-Ouen (puisqu’il vit et travaille à Saint-Denis), le lauréat 2013 du Prix Jules Rimet, Jean-Emmanuel Ducoin, est en quelque sorte le régional de l’étape. "C’est une histoire de dingue quand même, sourit Jean-Emmanuel Ducoin. C’est mon quartier, je suis d’ici ! Quand j’étais jeune, j’avais deux clubs : l’AS Saint-Etienne, parce que c’était les Verts, puis le Red Star ! Je venais tout le temps au stade, ici !" Un retour aux sources pour celui qui a été bercé par les exploits des joueurs de l’Etoile Rouge au cœur des années 1970. Alors recevoir un prix littéraire dans l’enceinte du club de Jules Rimet revêt encore plus d’émotion. Jean-Emmanuel Ducoin a donc récolté les sept voix du jury – présidé par Denis Jeambar et composé de treize amoureux du livre et passionnés de sport, Abdel Belmokadem, Nicolas Baverez, Raymond Domenech, Laurence Fischer, Bernard Fixot, Paul Fournel, Thierry Frémaux, Patrice Haddad, Pierre Leroy, Léonore Perrus, Yves Rimet et François Verdoux – nécessaires pour remporter le titre. Yves Rimet a assisté à la remise comme lors de la première édition. Le petit-fils du fondateur du Red Star a apprécié de voir les jeunes audoniens, qui ont participé aux ateliers d’écriture du Lab, remettre le prix et un maillot du club floqué au nom du lauréat. Un signe fort et qui montre que la volonté de son illustre grand-père d’allier le sport et l’éveil de l’esprit se perpétue.
L’association « Jules Rimet – Sport et culture » qui organise ce prix en partenariat avec le Red Star, la fondation Jean-Luc Lagardère et Nes & Cité, veut promouvoir la littérature sportive. Un thème important pour le lauréat. "De tout temps, la littérature s’est penché sur le sport, et plus que jamais, elle devrait s’y intéresser encore plus. Aujourd’hui, le sport occupe de plus en plus les esprits, avec le football qui monopolise énormément, encore plus ici. Et je pense que les écrivains avec leurs regards décalés devraient encore plus en faire. Il faut faire remonter la réalité."
J-E. Ducoin : "Un cri d’amour"
Son roman, Go Lance, revient sur l’histoire de Lance Armstrong, roi déchu du Tour de France après sept titres consécutifs. "Je raconte aussi une époque, le noircissement d’une époque, dans un moment de mondialisation du sport. Mon ambition n’est pas un cri de haine, mais bien un cri d’amour pour le cyclisme." Journaliste et rédacteur en chef du quotidien L’Humanité, Jean-Emmanuel Ducoin a couvert la Grande Boucle à vingt-quatre reprises. "Je suis le Tour depuis 1989, je commence à connaître un peu ! Le cyclisme est une très grande passion, alors j’aime le Tour et surtout, j’aime le défendre. Il a sali l’image du Tour, mais ce n’est pas le seul. Il a payé l’addition. Ce livre est ainsi né de ma connaissance du cyclisme, de Lance Armstrong, car j’ai pu faire sa première interview en France en 1993, et des coulisses du vélo." A voir son dévouement, ce prix récompense un véritable passionné.
Loïc Revol
Crédit photo : Gwendoline Le Goff / Panoramic