Nicolas, comment vois-tu le choc Red Star – Orléans, qui peut être un tournant pour les deux formations ?
Selon moi, Orléans et Luzenac sont très bien partis pour monter en Ligue 2. Le Gazélec Ajaccio est bien placé aussi. Au-delà de l’aspect mathématique, je trouve que c’est un très bon test pour le Red Star de pouvoir se jauger face à une équipe du haut du tableau. Il y a quelque temps à la rédaction, on se disait que le championnat pouvait être plié. Finalement, on a vu que le Red Star a su faire une belle série pour revenir, Bourg-Péronnas a un peu craqué par exemple. Tout est vraiment possible !
Depuis la première rencontre que vous avez diffusé (Orléans – Bourg-Péronnas le 13 septembre dernier, NDLR), qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans le championnat ?
Je n’étais pas parti avec des a priori. Le championnat sur lequel j’ai le plus exercé jusqu’à présent est la Liga portugaise, qui est souvent prise de haut en France. J’ai donc abordé de manière très neutre le National. Et j’ai été très agréablement surpris par les clubs qui sont très bien structurés ! J’ai débuté ma carrière en suivant des matches de CFA et je trouve qu’en National les clubs sont très « pro ». Les installations sont toutes respectables, même si elles ne sont pas toutes aux normes pour la Ligue 2. Mais dans l’ensemble, tout est bien fait. Le football en lui-même, c’est comme dans tous les championnats il y a forcément des différences. Ce que je trouve intéressant c’est que l’aspect financier, le budget, ne rentre pas en compte, ne prévaut pas au reste. Cela me rappelle un peu le Portugal ou derrière les gros clubs, on pense au système D, on recrute des joueurs au parcours atypique, certains ont fait des centres de formation… Il y a un vrai mélange. N’importe quel joueur peut y arriver, il n’y a pas de parcours type, c’est très plaisant. Il y a un vivier intéressant. On voit aujourd’hui en équipe de France que des joueurs sont passés par le National, comme Gignac, Valbuena ou Ribéry que Jean Fernandez avait su dénicher. Donc tu peux passer par là, c’est un exploit, mais tu peux.
Et d’un point de vue sportif ?
La différence avec l’amateur, c’est qu’il y a des équipes qui dégagent un vrai style de jeu. Je pense qu’Orléans est l’équipe la plus solide du championnat. Il leur manque peut être un vrai créateur au milieu. Mais c’est une formation très sérieuse et appliquée, à l’image de son entraîneur Olivier Frapolli qui travaille très bien. Bourg-Péronnas joue très bien ballon avec un entraîneur, Hervé Della Magiore, qui est très joueur. Le Red Star est également agréable à voir jouer je trouve justement. Il y a vraiment des joueurs intéressants dans ce championnat comme Ande Dona Ndoh de Luzenac, ne serait-ce que par ses statistiques (vingt buts en vingt-cinq matches) ! Luzenac possède d’ailleurs un trio offensif avec Ech-Chergui, Boutaib et Dona Ndoh, très fort. J’ai bien aimé également Grégory Tomas à Orléans, Toko Ekembi du Paris FC ou Quentin Lacour à Bourg-Péronnas, mais aussi Kévin Lefaix, un buteur à l'ancienne et surtout un vrai passionné de ballond. Je pense aussi à Puyo d’Orléans qui sur coup de pieds arrêtés met la balle où il veut ! Il y a des joueurs d’expérience comme Dieuze à Luzenac. Au Gazélec je pense à Filippi qui incarne l’identité du club justement. Je pense à pleins de joueurs qui ont dans ce championnat des parcours de fou ! J’en oublie car je pourrais encore en citer !
Qu’est-ce qui t’intéresse dans ce championnat ?
J’ai toujours été très fan au Portugal de voir beaucoup de joueurs amateurs français qui venaient jouer dans le championnat et qui ont donc un parcours atypique. Je suis très friand des histoires, le sportif compte évidemment, mais l’aspect humain est très important. Dans ce métier, on a la chance de rencontrer des gens, des joueurs qui ont tous des parcours intéressants. Par exemple à Bourg-Péronnas, des gens sont salariés d’une entreprise à côté et accordent de leur temps pour faire tourner le club modèle association loi 1901. Ils parviennent à apporter une identité locale, régionale. J’ai aussi en tête l’histoire de Dimitri Lienard, l’attaquant de Strasbourg. Il jouait à Belfort en CFA2 et CFA et travaillait dans un supermarché il y a quatre ans. Il joue maintenant en National ! Il y a aussi les joueurs qui sont passés par des centres de formation, en espoirs et qui aujourd’hui se relancent dans ce championnat. C’est intéressant de voir ces parcours et comment ils le vivent. Et puis je suis un passionné d’histoire, alors c’est très enrichissant de côtoyer et suivre des clubs comme Boulogne, le Red Star qui est le vice-doyen du football français, ou Strasbourg qui a été champion de France. Ce sont des monuments de notre football ! Et on voit à côté des clubs qui construisent leur histoire. Evian par exemple était en National puis évolue désormais en Ligue 1. Il existe un vrai parallèle justement entre Evian et Luzenac. Ce sont deux clubs qui se sont construits sur leur identité locale. On voit également des clubs comme Colomiers qui essaie de cohabiter avec le rugby dans l’agglomération de Toulouse. L’aspect démographique est important.
Comment juges-tu le niveau du championnat ?
Le championnat est hétérogène, ce qui est normal et bon signe. Mais en même temps, il s’homogénéise. Ces dernières semaines le maintien s’est complètement resserré. Quand on regarde le début de saison de Vannes, du Poiré et même Amiens, et le redressement qu’ils viennent de réaliser, tout reste possible. Ça va être chaud jusqu’au bout justement. Les équipes en haut sont les plus régulières, les plus sérieuses, celles qui n’ont pas eu de mauvaise série.
Quels sont les retours que vous avez eu depuis votre arrivée ?
Dernièrement on a été à Ajaccio qui redescend de Ligue 2. Ils ont été agréablement surpris par nos moyens. On a un dispositif de cinq caméras et je tiens à souligner le très bon travail effectué par notre rédaction et nos réalisateurs. Les clubs sont très contents du rendu télé. On essaie de valoriser les clubs justement et les joueurs dont on parle peu. MCS a une vraie vocation à faire découvrir des choses méconnues. C’est ce que l’on a fait avec la Liga portugaise par exemple. On a su le mettre en avant et avec le National on essaie de faire pareil. Et cela est bien perçu par les clubs, les joueurs et aussi par les téléspectateurs puisque les audiences sont bonnes.
Sens-tu une évolution de la part des clubs ?
Les clubs se soumettent au deal que l’on a passé avec la Fédération française de football (FFF). Je pense qu’ils sont justement plutôt contents de nous voir venir chez eux. MCS est aussi une chaîne accessible. Après il y a une disparité en terme d’installations techniques entre La Meinau à Strasbourg qui est un grand stade et un autre plus petit. Il y a des détails comme l’éclairage du stade qui peut être un vrai problème. Mais d’un point de vue général, les clubs en National ont des installations aux normes.
Quelles seraient les améliorations possibles à apporter aussi bien par MCS que par les clubs pour les prochaines saisons ?
On est en perpétuelle remise en question. On en a déjà discuté avec la Fédération. J’en reviens à ce que je disais sur l’éclairage qui peut poser problème pour le rendu télé. On est sur le qui-vive. On a lancé des idées comme le footomaton où des joueurs répondent à des questions décalées ou l’homme du match avec Raymond Domenech (consultant), ce qui plaît pas mal ! L’habillage du match correspond aux attentes de la Fédération et plus c’est simple et épuré, mieux c’est ! Après on est ouvert aux idées des clubs, on est réceptifs ! Le danger en direct, c’est de faire de l’avant ou après-match un événement plus important que le match en lui-même. Cela doit être un complément, car c’est le match qui est important.
Propos recueillis par Loïc Revol
Crédit photo : Gwendoline Le Goff / Panoramic