Autant rester dans l'actualité puisque l'actualité nous sourit.
Il y a un mois, j'avais pointé la rencontre d'Avranches. Je n'avais pas osé prédire une victoire – parce que rien n'est jamais écrit à l'avance et parce que je suis un peu superstitieux. Mais j'en rêvais, je pensais que cette rencontre serait importante – contre un concurrent direct à la montée – et qu'elle pourrait constituer un tournant. Nous ne savions pas encore que le tirage au sort de la Coupe enverrait Avranches en Guyane – jouer contre l'Union Sportive Matoury venue se qualifier aux tirs au but dans l'hexagone. Les joueurs normands avaient-ils déjà la tête là-bas, au pays des orpailleurs et des satellites, je ne sais pas, à leur place je pense que oui, mais je ne suis ni à leur place ni d'ailleurs à la place des joueurs du Red Star. Tous les rêves ont leurs limites.
Le tournant, sur la route, en général on le voit arriver, et on le négocie comme on l'entend. Dans l'existence, c'est différent. Prenons – pas tout à fait au hasard – l'exemple d'un championnat de football ; le tournant, on pourra le déceler, le dessiner, a posteriori – dans quelques semaines, voire dans quelques mois ; on saura alors si la victoire d'Avranches a mis l'équipe en orbite.
Quant au match, il s'est donc déroulé dans un stade doté d'une piste d'athlétisme autour de la pelouse, Avranches en bleu, le Red Star en blanc et organisé en 3-5-2. Puisqu'on est dans les chiffres et que ce n'est plus un secret pour personne – ou alors écrivez-moi pour me dire que vous apprenez le résultat par ma chronique – le match s'est soldé par une victoire 4 buts à deux. On ne se plaindra pas qu'il n'y ait pas eu de suspense. Parfois on a bien le droit de se régaler sans avoir le coeur qui bat la breloque. Evidemment, le haut fait du jour c'est Lefaix (qui l'a fait) – autant son but d'anthologie de la 15 eme minute, amorti de la poitrine reprise de volée pied gauche dans la lucarne, autant celui-ci que ceux-là, les deux autres qui sont des buts typiques d'avant-centre, le fameux renard des surfaces. Ajoutez le but tout d'intelligence et d'intuition de Bellion, les parades de Planté, les passes décisives, la combativité de chacun, les bons choix de l'entraîneur, oubliez le dernier but qui compte pour du beurre, et vous avez tous les éléments d'un retour serein dans la capitale.
La victoire fut méritée, et méritoire car le Red Star a affonté des guerriers, c'est même l'origine de leur nom – les guerriers de l'estuaire – qu'on trouve déjà dans La guerre des Gaules de Jules César puis dans les farouches batailles contre les vikings et maintenant contre les audoniens. Juste en face, il y a le Mont Saint-Michel réputé pour ses vaches – dans les prairies alentour – et pour ses galettes au beurre salé – dans les vitrines des boutiques. Et comme tout se tient toujours, dans l'actualité, et dans les compte-rendus qu'on peut en faire, on apprend cette semaine que le tour de France cycliste 2016 partira du Mont Saint-Michel.
Bernard Chambaz