Je serai toujours le premier à dire que l'Histoire est belle – pas seulement la somme des petites histoires qui la composent, mais la grande avec une H majuscule. Elle l'est ne serait-ce que par sa puissance de rêve (par exemple la bataille de Marignan et les plongeons de Chayriguès) et par son aptitude à nous projeter dans le futur (par exemple la bataille de Sébastopol et une nouvelle saison du Red Star en ligue 2). Cependant, il est bon, parfois, de prendre ses distances avec elle, l'Histoire, de penser à ce qui sera et/ou de vivre pleinement le moment présent.
Mardi 10 février, 20 heures. La nuit est tombée sur la légère structure de verre du stade Jean-Bouin, les pigeons ont déserté la pelouse si on peut appeler pelouse ce qu'on appelait autrefois le pré, les joueurs viennent prendre l'atmosphère et semble-t-il quelques selfies pour immortaliser ce 1/8 de finale où les Verts défient les Verts. Je me demande à quoi va ressembler ce match dont la presse a déjà beaucoup parlé et qui devrait tenir les promesses.
Mardi 10 février, 21 heures. Le coup d'envoi est donné, et très vite le Red Star démontre une volonté et un fond de jeu qui emportent l'adhésion d'une assistance estimée à 13 000 spectateurs. 21 h 16 : magnifique arrêt sur la ligne de Bobby Allain. 21 h 18 : magnifique loupé de la défense, Saint-Etienne mène 1 but à 0, et on peut redouter la suite. 21 h 25 : carton rouge, on se dit que ni Ielsch ni l'arbitre ne font dans le sentiment et on peut légitimement se sentir inquiet. 21 h 28 : magnifique but de « notre » hammer préféré et tout le stade se lève pour l'applaudir et pour applaudir toute l'équipe qui a su réagir. 21 h 33 : on est à deux doigts d'un miracle qui n'eût même pas été un miracle, juste un doublé. 21 h 45 : la visite surprise du président de la République n'est pas si surprenante. 22 h 37 : coup du sort, sans commentaire. 22 h 47 : le coup de sifflet final entérine la fin de l'aventure du Red Star en Coupe de France, on est forcément un peu déçu après être passé si près, mais aussi assez fier d'avoir vu l'écho donné à « Notre coeur – Notre force », et on est forcément impressionné et ému de l'osmose entre les joueurs et les milliers de spectateurs restés dans les tribunes pour les saluer.
Mardi 10 février, autour de 23 heures. Des déclarations d'après-match, je retiens l'intelligence et le bon sens de Sébastien Robert qui parle à juste titre de ce match comme d'un « tremplin » – sous entendu – vers la Ligue 2 ; et l'excès de modestie de Florian Makhedjouf quand il dit « on n'a pas à rougir », car non seulement les Verts du Red Star n'ont pas à rougir de la comparaison avec les Verts de Saint-Etienne mais il n'a même pas à le dire tant le constat va de soi.
Mercredi matin, ciel bleu sur Paris et Saint-Ouen. Le présent maintenant c'est le match de samedi et – surtout – croyez-moi – les matchs qui suivront puisqu'il s'agit maintenant – en langage rugby comme on le parle d'habitude à Jean Bouin – de transformer l'essai qui a été marqué.