Lionel Messi est un élément essentiel du Barça, qui dispute la deuxième place en finale de la Ligue des champions 2010, ce soir face à l’Inter. Jérémy Gazeau livre le sentiment d’un défenseur latéral sur le phénomène…
Comment Leo Messi parvient-il à faire autant la différence ?
Il a ce truc qu’ont les génies et que les autres n’ont pas. Cristiano Ronaldo possède un bagage technique comparable, mais quand on voit Messi, il semble touché par la grâce. Il s’agit d’une question de technique, mais aussi de confiance. Il est à 400% à ce niveau et peut oser des choses que personne ne tentera jamais. Quatre défenseurs autour de lui ne lui font pas peur. Il a le talent, la confiance, et tout lui réussit.
Sa morphologie est-elle un élément prépondérant dans sa réussite ?
Il a un petit gabarit, il est vif et puissant à la fois, ce qui lui permet de passer entre les joueurs plus facilement. Il démontre au monde entier qu’il ne faut pas mesurer deux mètres et peser quatre-vingt dix kilos pour réussir au plus haut niveau. Le Barça donne une belle leçon avec Messi.
Impressionnant avec le Barça, il fait moins la différence avec l’Argentine. Est-ce que l’on ne sous-estime pas l’impact de ses coéquipiers blaugranas dans son efficacité ?
D’une part, il ne joue pas à son poste en sélection, et l’équipe ne joue pas que pour lui. Je pense évidemment que c’est un tout. Quand derrière, des joueurs comme Xavi ou Iniesta donnent des ballons, cela ne peut que l’aider et le faire briller. Ensuite, avec sa qualité, il fait la différence. S’il était seul dans l’équipe, il ne pourrait pas faire tout ce qu’il fait. Guardiola a réussi à trouver cette homogénéité qui fait que ça marche à tous les coups.
C’est un joueur que l’on ne cesse de comparer à Maradona…
Maradona n’était pas opposé aux défenseurs physiques, rapides et expérimentés d’aujourd’hui. Messi est capable de prendre la balle dans son terrain, et de dribbler six ou sept joueurs pour aller marquer. Je ne peux pas trop les comparer, parce que je n’ai pas beaucoup vu Maradona. Mais j’entends des plus anciens dire que ce qu’il fait à vingt-deux ans, avec encore une marge de progression, est exceptionnel.
Lors du match aller, Mourinho a semblé régler le « problème » Messi en coupant la relation avec Xavi, plutôt qu’en infligeant un marquage spécifique de l’Argentin. C’est le seul moyen pour l’empêcher de faire la différence ?
J’ai l’impression qu’il n’y a pas d’autre solution. Même les plus grands défenseurs européens ne savent pas comment faire pour le bloquer au marquage. Ils le prennent à deux, mais il se débrouille toujours. Tu veux l’enfermer sur le côté, il rentre dans l’axe, et vice-versa. On peut faire faute mais il a un si bon mental qu’il revient à chaque fois à la charge. Et c’est reparti. C’est un joueur hors norme. A part couper les transmissions comme l’Inter est parvenu à le faire, je ne vois pas comment il est possible de l’arrêter. Il n’est prenable que sur les duels aériens. Une fois qu’il a le ballon, à part le plaquage, je ne vois pas !
Propos recueillis par Michaël Grossman (avec David Palaysi)