Si les présidents sont – comme les gardiens et les écrivains – un sujet de choix, certains sont plus ou moins omniprésents.
Revenant au président Rimet, il porte bien le manteau, le costume trois-pièces et le haut de forme. Outre le Red Star, il préside notamment le Comité national des sports – il est à sa tête de 1931 à 1947. En 1931, quand le football devient professionnel, ça ne tire pas à conséquence, la fonction est compatible avec les valeurs humanistes – et chrétiennes – qu'il défend dans son club. Mais pendant la guerre ce n'est pas la même chanson et il met en oeuvre la politique sportive du gouvernement de Vichy qui collabore avec l'Allemagne nazie et il « doit » prendre un certain nombre de mesures nauséabondes.
Parmi les autres présidents du club, Zenatti, Doumeng et Bras seraient de bons clients pour raconter des histoires de football et des histoires qui dépassent largement le football. Quant au président Haddad, il inspire confiance. Et j'ai fait avec lui un pari. Mais cette semaine reste marquée par au moins deux sujets qui fâchent.
D'abord, les propos stupides de Sagnol – comme s'il ne savait pas parfaitement que les joueurs africains sont aussi des joueurs techniques, intelligents et disciplinés. Et comment ignorer que ses propos ne puisssent pas choquer ? Cela dit, toutes les parties concernées auraient mieux fait de déminer tout de suite l'affaire au lieu de jeter de l'huile sur le feu ou la laisser s'envenimer. Ensuite, la révélation de la défiscalisation de l'Euro, agrémentée de l'argument choc, « c'était ça ou rien », comme si l'UEFA dictait sa loi. Et je ne parle pas de l'intention du président Blatter de postuler malgré ses casseroles à un cinquième mandat, à l'âge de soixante-dix neuf ans – mais il est vrai qu'il a été élevé naguère au rang de chevalier de l'Ordre du croissant vert comorien.
On ne se méfie pas assez des casseroles et des dates. Je ne me méfiais pas du 7 novembre – le jour de naissance d'Albert Camus qui a joué gardien de but au Racing universitaire algérois, quatre ans plus tard le jour de la révolution d'octobre, oui, et aussi la journée de la presse sportive en Argentine, une bonne idée. Mais ce vendredi 7 novembre restera comme le jour où a pris fin mon invincibilité au stade Bauer. C'est la faute « au» Racing club de Strasbourg qui est dans une situation semblable à la « nôtre » – remonter vers les sommets. Le président Keller fut un beau joueur et reste une tête pleine, ce qui fait bien dans le tableau. Cela dit, ne parlons pas de soirée noire pour autant – « nous » sommes 4 eme du classement, à un point seulement du podium.
Par définition, le président préside, le directeur dirige, l'entraîneur entraîne, le joueur joue, le supporter supporte et l'écrivain écrit. Quant au capitaine, il commande, même de loin quand il est dans les buts. Planté le fait très bien. Naguère le cop chinois clamait Longue vie au président Mao et la lui souhaitait pour dix mille années. Le président Haddad n'en demande pas tant. Moi non plus.