

Tout commence au milieu des années 1880, après que Jules Rimet, le futur secrétaire et président du Red Star, quitte sa ville natale de Theuley-les-Lavoncourt pour étudier à Paris à un jeune âge. Il cherche souvent des endroits tranquilles pour rêver et être avec ses amis d’école lorsque les journées sont longues. Un jour, pendant la récréation, assis sous un arbre, Jules dessine dans un carnet et montre à son copain (la statue de la Victoire ailée de Samothrace, ou Niké de Samothrace) ce qui lui est venu en rêve – un symbole de ce qui deviendra la statuette la plus célèbre, recherchée par toutes les nations de football de la planète !
Statue de la Victoire de Samothrace
Avance rapide jusqu’en 1928. Jules Rimet, devenu président de la FIFA, obtient enfin le feu vert pour l’ambitieux championnat du monde de football qui doit se dérouler à Montevideo, en Uruguay. Afin de réaliser son rêve de diffuser du football à l’ensemble de la planète, l’une des clés réside dans le couronnement de cette série de championnats par un trophée digne de ce nom. Ce trophée doit être exactement comme il l’avait imaginé lorsqu’il était un garçon assis sous cet arbre dans la cour de l’école. Il ne reste plus qu’à trouver l’homme de la situation !
En approchant du Pont de Sèvres, au bout d’une rue, se trouve un vieil atelier sombre, délabré et faiblement éclairé. On frappe à la porte du 41 rue de Sèvres, à Boulogne-sur-Seine (aujourd’hui Boulogne-Billancourt). L’occupant de cette adresse est Abel Lafleur, ancien élève aveyronnais des Beaux-Arts et des Arts et Métiers, qui vit et travaille comme sculpteur et médailleur de renom. Durant son enfance dans les années 1890, il jouait aussi au football, en tant qu’irréductible jeune de Rodez, avec beaucoup de joie et de fierté.
Abel Lafleur
Jules Rimet
Abel est loin de se douter qu’en ouvrant sa porte, il façonnera le cours de l’histoire du football pour des milliards de personnes dans le monde entier, et liera le Red Star FC et Rodez pour toujours ! Abel ouvre la porte et aperçoit Jules Rimet. Ils échangent des salutations et, soudain, Rimet se lance dans un discours visionnaire : « Mon cher Lafleur, la coupe doit être en or massif, non par ostentation, mais comme un symbole. La Coupe du monde doit être le premier des événements et l’or est le symbole de la primauté ». Dans le sac de Rimet se trouvent 50 000 francs (1928), soit 36 532,88 euros d’aujourd’hui ! Un signe de tête confiant et une poignée de main pour sceller l’accord.
Au cours des mois suivants, Abel réfléchit, esquisse diverses formes et idées basées sur sa formation et son inspiration des Beaux-Arts et des Arts et Métiers, allant même au Musée du Louvre pour étudier Niké de Samothrace. Il commence ensuite à donner vie à ces dessins en ciselant le bois et en sculptant l’argile. Finalement, le projet de Lafleur dans sa version finale est une statuette en or représentant Niké, la déesse grecque de la victoire, tenant une coupe octogonale au-dessus de sa tête, les ailes déployées, avec une guirlande autour du cou. Le trophée mesure 35 cm de haut, pèse 3,8 kg et a été réalisé en or massif, avec un socle bleu en pierre semi-précieuse (lapis-lazuli) pesant 4 kilos. Sur les quatre côtés du socle se trouvent quatre plaques d’or sur lesquelles sont gravés les noms des vainqueurs.
Le trophée s’appelle simplement « Coupe du monde » et est rebaptisé « Coupe Jules Rimet » en 1946. Rimet et Lafleur se tiennent devant le trophée, en admiration, et avec une simple poignée de main et un signe de tête, Rimet ramasse soigneusement le trophée, le plaçant dans une valise spéciale conçue pour le voyage en Uruguay. Rimet a ensuite chargé l’équipe de France de protéger le précieux trophée pendant le voyage sur le Conte Verde, au départ de Villefranche-sur-Mer. Le reste est de l’HISTOIRE !
La Coupe du Monde 1930
Alors que le Red Star FC s’apprête à affronter le RAF, rappelez-vous que tous ceux qui se trouvent dans ce stade sont liés par un lien historique spécial, qui a enflammé le monde pendant 97 ans.
Jules Rimet (à gauche) remet, le 5 juillet 1930, la première Coupe du monde au Dr Raul Jude, Président de la Fédération Uruguayenne.
À propos de l’auteur
James Brown est un Américain qui vit en Seine-et-Marne depuis 23 ans. Sa passion pour le football et son histoire lui vient d’une longue lignée de footballeurs et de rugbymen dans sa famille depuis 100 ans. Il est l’auteur d’un livre sur l’histoire sportive de sa famille, Mud, Blood and Studs. James est actuellement vice-président de la Society for American Soccer History (S.A.S.H), et s’emploie à promouvoir, faciliter et diffuser la recherche sur la riche histoire du football aux États-Unis et à favoriser les relations dans le monde entier. Il est un expert de la Coupe du monde de 1930, de l’histoire du football américain et un chercheur passionné des Amériques et de l’Europe. Son grand-père, Jim Brown, a joué pour l’équipe nationale masculine des États-Unis lors de la Coupe du monde de 1930, où il a remporté la troisième place. Il a ensuite joué à Manchester United, Tottenham Hotspur et Brentford en Angleterre avant la Seconde Guerre mondiale. Son père, George, était un professionnel aux États-Unis et un joueur de l’équipe nationale dans les années 1950.
Son livre peut être acheté en ligne à la FNAC et sur Amazon.
Pour en savoir plus sur l’histoire du football américain, consultez le site de la Society for American Soccer History (S.A.S.H).
James Brown