Hier en fin de matinée, les jeunes du Red Star se sont rendus au Mont-Valérien. Accueillis par Jean-Baptiste Romain, directeur des hauts lieux de la mémoire en Île-de-France et Jeanne Portier Médiatrice Culturel, les Seniors Féminines et U20 audoniens ont pu découvrir ce lieu symbolique et chargé d’histoire.
En ce 21 février, les jeunes du @RedStarFC sont au Mont-Valérien, lieu d’exécution de résistants & d’otages en France par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. L’occasion de découvrir l’Histoire et de rendre hommage à ceux morts pour la France. #UneEtoileNeMeurtJamais pic.twitter.com/MV2ZdpT4cP
— Red Star FC ✪ (@RedStarFC) February 21, 2024
Exécuté dans la clairière du Mont-Valérien il y a 80 ans avec les autres membres de « l’Affiche Rouge », Rino Della Negra, voit en ce mercredi 21 février son portrait affiché dans la crypte du mémoriel aux côtés de ses 22 camarades.
Point de départ du cheminement des Seniors Féminines et des U20 du Red Star, dans ce lieu chargé d’histoires, on peut ressentir le poids de l’héritage et du sacrifice pour les droits humains que ces hommes ont choisi de faire pour les générations futures.
À l’extérieur, l’œuvre de Pascal Convert jouxte la chapelle utilisée alors par les troupes allemandes pour y enfermer certains condamnés. Sur ce monument de plus de deux mètres de haut en forme de cloche, sont inscrits, par ordre chronologique d’exécution, les 1008 noms des fusillés du Mont-Valérien, dont celui de Rino Della Negra.
Les jeunes joueurs de l’Étoile Rouge se sont ensuite rendus dans la clairière qui servait de lieu d’exécution par les Nazis. Cette dernière étape solennelle s’est achevée par la lecture de la lettre poignante de Rino Della Negra adressée à son frère quelques heures avant sa mort dans laquelle il écrit : « Envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star. »
« Petit frère,
Je veux t’envoyer un dernier petit mot pour que tu réconfortes de ton mieux Maman et Papa.
Tu es fort et robuste et je te sais courageux et c’est pourquoi je ne veux pas de larmes, t’as compris, hein mon vieux.
Je n’avais jamais pensé au mariage, c’est pourquoi les parents ont du chagrin, car j’avais l’intention de finir mes jours avec eux. Tu peux me faire plaisir en te sachant toujours près d’eux et de toujours les aider de ton mieux. C’est ton tour.
C’était le mien aussi, mais je n’ai jamais été très chanceux. C’est tout ce que je voulais te dire.
Remonte le moral à tout le monde et tout finira pour le mieux. Je veux que tu ailles chez tous les copains : Toni, Marius, Dalla, Keyla, Avante, Dédé, Papou, Cari, chez Inès en souhaitant le bonjour à tous les copains et les copines de Mara
Embrasse bien fort tous ceux que je connaissais. Tu iras au Club Olympique Argenteuillais et embrasse tous les sportifs du plus petit au plus grand. Envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star.
Je veux que tu ailles embrasser pour moi, toute la famille Barbera, Vincent, Paulette, Claudie, la Mater et le Pater, Thomas et Angèle et tout l’hôtel Parisis, chez la grand’mère à Yiyi, chez Sola et Raymond, chez Georges, chez Mario, chez Gilles, chez Bernard et chez tout le monde.
Embrasse bien Yiyi quand il reviendra et Dédé Grouin. Va chez Toni et faites un banquet.
Enfin, faites tout pour le mieux.
Je finis en t’embrassant bien fort, et courage. Ton grand frère qui t’aime toujours.
RINO. »
Mémoire
En ce lendemain d’entrée au Panthéon et de la reconnaissance du combat pour la liberté de Rino Della Negra, le Red Star a également une pensée pour Émilien Devic, Henri Joncourt, Eugène Maës, Jacques Meresse, Maurice Thédié, et Roger Vandevelde, joueurs passés sous ses couleurs et qui ont également combattu pour notre liberté.
Émilien Devic
Émilien Devic est un joueur du Red Star pendant la saison 13/14 juste avant la grande guerre de 1914/1918. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Devic rejoindra la résistance. Il sera fusillé en août 1944.
Rino Della Negra
Rino signe au Red Star Olympique en août 1943, dispute 3 matchs de Championnat de France amateur et 2 matchs de Coupe de France avant d’être arrêté le 12 novembre 1943. Membre des MOI-FTP, il est jugé par un tribunal militaire allemand qui le condamne à mort. Il est fusillé le 21 février 1944.
Henri Joncourt
Joueur de l’Étoile Rouge de 1941 à 1943, il gagnera la Coupe de France en 1942. En 1943, il fuit Paris, s’engage dans la Résistance et rejoint les FTPF à Concarneau. En 1957, officier de réserve, il part en Algérie où il sera tué à l’âge de 35 ans.
Eugène Maës
Premier grand buteur français, Eugène Maës fera le bonheur du Red Star de 1910 à 1914. Redoutable finisseur, Maës n’aura besoin que de onze sélections pour atteindre la barre des quinze buts avec l’Équipe de France. Maës sera dénoncé pendant la Seconde Guerre Mondiale pour propos anti-allemands et gaullistes. L’arrestation est effectuée le 21 juin 1943. Déporté, il meurt le 30 mars 1945 au camp de concentration de Dora-Mittelbau à Nordhausen.
Jacques Mairesse
Jacques Mairesse connait six sélections en Équipe de France. Il jouera une saison au Red Star AC de 1923 à 1924 puis au Red Star Olympique de 1931 à 1935. Jacques deviendra ensuite secrétaire général en 1936 puis premier président du premier syndicat des joueurs professionnels. Il arrêtera ses activités au début de la Seconde Guerre Mondiale. Mobilisé en 1940, Jacques Mairesse tombe, criblé de balles, à Véron, près de Sens, le 15 juin 1940.
Maurice Thédié
Joueur du Red Star en 1922, Maurice Thédié gagnera la deuxième Coupe de France de l’histoire de l’Étoile Rouge. Arrêté par la Gestapo le 19 mai 1944, il est emprisonné à la Citadelle d’Amiens puis au camp de Royallieu près de Compiègne. Il meurt dans le train du 2 juillet 1944 à destination de Dachau.
Roger Vandevelde
Roger Vandevelde portera la tunique audonienne de 1938 à 1942, avec une dernière saison ponctuée d’une victoire en Coupe de France. Entré en Résistance en 1941, arrêté en 1943 et condamné à mort en mai 1944, il fut déporté en Allemagne où il resta jusqu’à la libération en mai 1945. Pilote, parachutiste, il quitta l’armée avec le grade de colonel. Il était titulaire de la Croix de Guerre et officier de la Légion d’Honneur.
Le Red Star est fier d’avoir pu connaitre dans ses rangs, des hommes aussi courageux, et n’oubliera jamais le sacrifice de ses héros qui se sont battus pour la France et qui ont été victimes de l’oppression nazie.
Collection et photos : Gilles Saillant