Comment est né ce projet de documentaire ?
Nous sommes arrivés à Saint-Ouen en 2010 à Commune Image (fabrique de cinéma indépendant à Saint-ouen). De nos bureaux, on voyait tous les soirs les lumières du Stade Bauer s’illuminer dans le ciel. Ça nous intriguait. Au départ, notre hypothèse était qu’il existait une connexion particulière entre la ville et le club, mais sans savoir exactement quel était ce lien précis. C’est cela que nous avons cherché.
Nous sommes allés aux archives municipales de Saint-Ouen pour trouver des photos puis aux archives municipales des films de Bobigny pour trouver des vidéos tournées du Red Star d’antan. Nous avions au total 15h de films d’archives. Dans ces vidéos inédites, on s’est rendu compte de l’importance de Bauer, puisque tous les événements de la ville se déroulaient là-bas, que ça soit des meetings avec 50 000 personnes, en passant par les fêtes des établissements scolaires, ou encore des évènements sportifs. Bauer rassemblait déjà tout le monde.
Par la suite, nous avons pris contact avec le Red Star pour savoir si le club était intéressé pour co-produire notre documentaire. Le club a répondu par l’affirmative et nous a fait profiter de ses archives récentes et plus anciennes afin de pouvoir construire notre film.
Le Stade Bauer en 1969.
Qu’avez-vous découvert sur l’Étoile Rouge en travaillant sur ce documentaire ?
Nous avons découvert une forte proximité et un lien intime entre le club et Saint-Ouen qui venait du fait que les joueurs vivaient notamment à Saint-Ouen. Par exemple, Carlos Monin (joueur du Red Star de 1967 à 1973 puis entraineur de la réserve de 1974 à 1978 et entraineur joueur en 1978) habitait à proximité du Stade Bauer. Chaque jour, les joueurs rencontraient la population en travaillant, pour certains à l’usine, ou parce qu’ils avaient grandi dans les bidonvilles audoniens. À l’époque, les ouvriers tenaient la buvette du stade. Dans ce documentaire, nous avons vraiment voulu retranscrire l’identité de ce club populaire profondément ancré dans l’histoire de son territoire.
Carlos Monin face à Lens au Stade Bauer lors de la saison 1967-1968.
Après avoir été présenté au festival de Bilbao, de Prague et Berlin, « Nous Sommes le Red Star » a été sélectionné au festival danois « Shoot ! Copenhagen Football Festival ». Pouvez-vous nous raconter cette traversée de l’Europe ?
Tout a commencé par un coup de téléphone du festival de Bilbao, les organisateurs pensaient déjà beaucoup au Red Star car la fondation du club de Bilbao cherche également à développer la culture et l’éducation au travers du football, à l’image des actions menées par le Red Star LAB. Je me suis dit que ça tombait bien ! Ils nous ont invités à Bilbao avec Patrice Haddad, le Président du Red Star. On a présenté le film au Stade San Mamés de l’Athletic Bilbao. Il y avait énormément de monde. Le documentaire a été très bien accueilli. Le président de Bilbao nous a confié après la projection : « J’ai vraiment pensé à mon enfance pendant le reportage« .
Puis, nous avons été invités à Prague. C’était un petit festival dans une ancienne caserne soviétique qui a été transformée en un centre d’art contemporain. C’était un endroit invraisemblable. Lors de ce festival, nous avons vu un film tchèque juste avant la projection du documentaire « Nous Sommes le Red Star » sur une équipe d’une ville industrielle de l’Est. Les supporters de ce club populaire sont venus assister à cette projection et reprenaient les chants de leur club de football tout au long du documentaire, créant une ambiance mémorable !
Ensuite, on a fait un troisième festival qui était à Berlin, qui est peut-être le plus grand festival en Europe. Ça se passait dans un cinéma art déco. On a rencontré quelqu’un de très important pour nous : Jan Tilman-Schwab, un spécialiste des films liés au football, et qui a présenté notre film au public berlinois. La salle était pleine avec une grande diversité de nationalités représentées, notamment des Américains, des Brésiliens, des Danois, des Allemands et des Espagnols composés de véritables passionnés de football.
Le film a été présenté au mythique cinéma underground de Copenhague, comment a-t-il été reçu par le public ?
Le documentaire « Nous Sommes le Red Star » a été présenté au Huseet Biograph, premier festival cinéma alternatif de Copenhague. C’est un lieu unique où s’entremêlent le Bastard Café où des centaines de jeunes se réunissent pour jouer à des jeux de société, un restaurant bio et un cinéma. Il y a un côté très intime, familial et chaleureux dans ce lieu.
Le film a été projeté dans la salle de cinéma au deuxième étage un samedi à 20h, ce qui est assez tard pour les Danois. Malgré cela, le documentaire a été très bien reçu et les spectateurs ont rapidement fait le lien entre le club du Red Star et l’équipe locale de Brøndby, club de la banlieue ouvrière de Copenhague.
Après la projection, de nombreuses personnes sont venues nous voir pour nous dire que ce documentaire les avait touchés émotionnellement. On a souvent entendu que les spectateurs nous confier que ce film donnait le sourire et les rendait heureux.
★ Procurez-vous le documentaire ★
Le film « Nous Sommes le Red Star » est disponible à la vente sur la boutique en ligne du Red Star et au Bauer Corner.