Né le 15 septembre 1890 à Paris, Eugène Maës débute au Patronage Olier, club catholique fondé en 1895. Repéré grâce à sa grande taille pour l’époque (1m80) et pour la qualité de son jeu de tête, il rejoint les rangs du Red Star Amical Club, alors l’un des trois meilleurs clubs français de l’époque, dont il restera à jamais comme le premier grand avant-centre. Durant les quatre saisons qui précédèrent la guerre, Maës enfile les buts dans le championnat de Paris, le plus haut niveau de l’époque. Ses partenaires de l’époque se nomment Lucien Gamblin, René Fenouillère, Pierre Chayriguès.
Chayrigues-Gindrat-Gamblin-Devic-Richer-Maes
Fenouillere-Bourgeno-Morel-Rouches-Hanlon.
Red Star AC, saison 1913-14 (cliché Rol/Bibliothèque Nationale)
Avec le Red Star, il remporte le championnat de première série en 1912, termine second en 1911 et 1913 puis troisième en 1914. Vient alors la Première Guerre mondiale, pour laquelle il est mobilisé, comme beaucoup de ses coéquipiers mettant ainsi sa carrière entre parenthèses. Au retour des champs de bataille, Eugène Maës porte encore le maillot rayé bleu et blanc pour la saison 1918-1919 avant de partir pour Caen.
Buteur fameux de l’équipe de France, dont il porte les couleurs à 11 reprises entre 1911 et 1913, Maës est surnommé « Tête d’Or » pour son jeu de tête inégalable : trois buts pour le premier succès tricolore sur l’Italie (4-3) à Turin en 1912. Au total, l’attaquant totalise 15 buts en équipe de France :
Deux buts contre l’Italie à Saint-Ouen le 9 avril 1911
Un contre la Suisse à Genève le 23 avril 1911
Un contre la Belgique à Bruxelles le 30 avril 1911
Un contre la Belgique à Saint-Ouen le 28 janvier 1912
Un contre la Suisse à Saint-Ouen le 18 février 1912
Trois contre l’Italie à Turin le 17 mars 1912,
Un contre l’Italie à Saint-Ouen le 12 janvier 1913
Cinq contre le Luxembourg à Saint-Ouen le 20 avril 1913
Article du journal SPORTING – Comme de nombreux autres footballeurs, Eugène Maës a combattu pour la France durant la guerre 14-18, récoltant plusieurs blessures.
Eugène Maës a été blessé pendant la Grande Guerre, comme il le raconte dans une lettre adressée au journal Sporting en octobre 1914 : « J’ai reçu la visite d’une balle qui m’a perforé de part en part et qui est ressortie plus vite qu’elle était entrée. Je mange et je fume comme si de rien n’était. » Ce qui avait amené son entraîneur Roland Richard à faire ce commentaire ironique : « Merci beaucoup pour les nouvelles de Maës. Que va-t-il me rester avec un jeu aussi dur ! »
Eugène Maes sous les couleurs du Red Star
Après la guerre, Eugène porte les couleurs du Stade Malherbe de Caen jusqu’en 1930. Dans le même temps, il prend la direction de l’école de natation Berteaux avant de la rebaptiser « le Lido » en 1920. Il en modernise l’infrastructure et crée des événements sportifs, comme la Traversée de Caen à la nage ou les Régates de la Société nautique de Caen. Maître-baigneur puis professeur de natation, Eugène Maës éduque des milliers de Caennais au plaisir aquatique, de 1919 à 1940. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il résiste en continuant de former les jeunes Caennais à la natation, au sauvetage et au secourisme.
Il sera arrêté à Caen en 1943 pour avoir critiqué l’attitude de la maîtresse du chef de la Gestapo locale. Déporté au camp de Compiègne, il sera envoyé en Allemagne au camp de concentration de Dora-Mittelbau à Ellrich, où il mourra le 30 mars 1945 à l’âge de 54 ans.
Durant sa carrière il fut distingué à plusieurs reprises : il a reçu les médailles d’or et d’argent de l’Éducation physique, la médaille d’argent de l’Association des professeurs de natation de France et il la médaille d’or de la Fédération nationale de sauvetage et de secourisme. Une rue de la ville de Caen porte aujourd’hui son nom.
Collection Gilles Saillant