Peux-tu nous raconter le déclic qui t’a fait basculer définitivement vers le foot à 11 ?
C’est arrivé très tardivement, il y a six ans. Je jouais alors en première division de futsal à Cannes La Bocca, et je venais de compiler dix sélections et quatorze buts avec l’équipe de France. En fin de saison, je jouais pour le plaisir à 11 avec certains joueurs de l’AS Cannes qui étaient alors en CFA. Mais même pour s’amuser, c’était structuré, c’était carré. C’est là que j’ai vraiment commencé à aimer le foot à onze. Les joueurs de Cannes étaient surpris de mon niveau. Mon frère qui a toujours cru en moi, me disait que je pouvais jouer au plus haut niveau. Parfois j’y croyais, parfois je doutais. Lui se battait pour que je bascule vers le foot à onze, et pour que je fasse une carrière en pro. Il m’a convaincu de tenter ma chance.
Comment se déroule la signature de ton premier contrat pro au Havre ?
Après ce petit déclic, mon frère multiplie les prises de contacts pour que je puisse faire des essais. Il est persuadé que si un club me voit jouer, je peux basculer vers le monde pro. Il décide d’aller au Sénégal pour parler de moi à Salif Diao. [ndlr : ancien joueur international sénégalais passé par Monaco et Liverpool] Salif me trouve un premier essai à Dijon. Mais ce premier essai a des allures de détection. On est quarante joueurs, sur un terrain synthétique, et je ne suis pas particulièrement performant. Ensuite, je vais à Arles-Avignon. Je me retrouve au milieu des pros. À ce moment là je suis obligé d’être bon ! À la fin de cet essai je joue un match amical où je marque quatre buts. Arles-Avignon souhaite me faire signer, mais je reçois une proposition du Havre pour faire un essai. Erick Mombaerts est alors à la tête de l’équipe. Je fais quinze jours avec le groupe, puis je pars faire le stage de pré-saison. En fin de semaine on joue Laval en match amical, et je marque. À la fin du match, le coach est venu me voir dans le vestiaire pour me dire qu’il veut que je signe.
Comment se passe ton adaptation au Havre ?
La première année, j’apprends le métier, je travaille énormément tactiquement. Je dois faire une vingtaine de matches sur la première saison. On a une équipe de folie, mon concurrent direct est Riyad Mahrez, c’est pas facile de lui prendre sa place (rires). On termine sixième du championnat. La deuxième année, je démarre fort, sur la première partie de saison je joue dix-huit matches pour cinq buts. Au mois de janvier je signe à Sochaux.
À Sochaux, tu connais des débuts difficiles…
Je suis nul ! J’arrive en hiver, il fait froid, les terrains sont gras, mes pieds sont congelés, je n’arrive pas à dribbler ou à faire une passe. Je termine la saison difficilement. C’est à partir de janvier 2016 que je parviens à inverser la tendance. Je commence à marquer et à être décisif. Malheureusement, en mars 2017 je me blesse. Début avril, je me fais le ménisque suite à une entorse du genou. La blessure doit durer trois mois, mais malheureusement je la traine toute l’année. Mais aujourd’hui tout va bien et je suis prêt à tout donner pour le Red Star.
Tu as aussi la particularité d’être ambidextre…
Oui, je suis aussi à l’aise avec mon pied gauche, qu’avec mon pied droit. Plus jeune j’ai pratiqué plusieurs sports. J’ai commencé par le handball et le basket. Ma grande force est de pouvoir shooter des deux mains. Au tennis pareil, je fais que des coups droits (rires), mes adversaires sont complètement déboussolés. Aujourd’hui dans ma carrière de footballeur, cela me permet de varier énormément mon jeu.
propos recueillis par Paul Ducassou.