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L’ART AU CŒUR DU CLUB
Depuis toujours, le Red Star se veut multiculturel et solidaire. Chacun y est le bienvenu, quels que soient son origine, ses moyens ou sa culture. Pour le Red Star, cette diversité est une richesse. Quand Jules Rimet a fondé le club, il a aussi créé un club de lecture pour que tous les enfants puissent accéder à la culture. Aujourd’hui encore, pendant les vacances, les entrainements de foot côtoient les ateliers d’écriture, de théâtre, de musique, de cinéma…
En 2011, Patrice Haddad a souhaité aller plus loin en permettant aux jeunes sportifs de contempler une véritable œuvre d’art. Plutôt que d’acheter une œuvre dans une galerie, comme cela se fait habituellement, ils ont préféré demander à un artiste d’en créer une pour eux. C’est ce qu’on appelle une commande.
Ce chef-d’œuvre rejoindra le "trésor" du Red Star. A côté des trophées, maillots, ballons et coupes qui font sa fierté, le tableau de Guillaume Bresson célèbre le stade et l’esprit du club.
LES NOUVEAUX COMMANDITAIRES
Depuis le Moyen Âge, seuls les rois, les papes et les nobles pouvaient commander une œuvre à un artiste. Au 21ème siècle, dans une démocratie comme la nôtre, chacun doit pouvoir faire appel à un artiste. C’est ce qu’encourage le programme « Nouveaux commanditaires », soutenu par la Fondation de France. Tout le monde – médecin, fleuriste, adolescent, charcutier, scientifique ou agriculteur par exemple – peut commander une œuvre d’art contemporain.
Des centaines d’œuvres ont ainsi vu le jour, pour des personnes qui avaient toutes en commun de vouloir un peu d’art dans leur quotidien :
– une photo de classe réinventée pour des étudiants ;
– un hammam tout en lumière pour des sans-abris ;
– une sculpture pour les habitants de Tours, etc.
La commande, c’est faire le lien entre les gens et l’art. Pour un artiste, cela peut être une source d’inspiration. Le Red Star a choisi le jeune peintre Guillaume Bresson, qui s’est rendu plusieurs fois au stade pour voir des matchs, prendre des photographies et dessiner les joueurs. Cet artiste, en plus d’avoir du talent, aime le football. Il a joué pendant des années en amateur, sous le n°10, à Toulouse, sa ville natale.
GUILLAUME BRESSON
À l’école des Beaux-Arts de Paris, Guillaume Bresson a appris la peinture, le dessin, la sculpture mais aussi la photographie et la vidéo. Son travail est original car il mélange contemporain et classique. Contemporain, car il utilise beaucoup la photographie. Classique, car son usage de la peinture à l’huile rappelle de grands maîtres italiens, comme le Caravage. Ce peintre est connu pour une technique de jeu d’ombre et de lumière, appelée « clair-obscur ». Chez Guillaume Bresson, on retrouve ce contraste entre les noirs et les blancs qui apporte une tension à ses tableaux. Cette force se retrouve aussi dans les sujets qu’il peint : bagarres de rue, paysages isolés, scènes dans des parkings souterrains ou dans des fast-foods.
Pour réaliser ses peintures, il fait poser des modèles dans son atelier et les dessine. Il prend de nombreuses photos puis les modifie sur ordinateur et les assemble. Il fait de la mise en scène en quelque sorte. Il est aussi un peu chorégraphe : les mouvements des personnages forment un tableau esthétique et dynamique. Une fois la structure de son œuvre définie à partir des dessins et photos, il peint, en commençant par le noir et le gris. Ensuite il ajoute la couleur. En regardant avec attention ses toiles, on remarque la précision de certains détails, comme les chaussures ou les marques de vêtements.
"SANS TITRE"
C’est le nom que Guillaume Bresson donne à chacun de ses tableaux. Ses œuvres n’ont pas de titre, car il raconte déjà toute une histoire dans sa peinture et parce-que ses œuvres ne peuvent se résumer en un mot.
Ce tableau est composé de huit panneaux de différentes tailles. Leur assemblage évoque un robot ou un totem. On peut aussi penser à un collage ou un story-board comme on utilise au cinéma pour décrire l’histoire avant de la filmer.
On y trouve la synthèse de tout ce qui se vit dans le club. En haut, un écran et la vue panoramique du stade. Au centre, les joueurs en pleine action. De chaques côtés, les supporters. On ne les voit pas, mais on sait qu’ils sont là, derrière les fumigènes. Et on comprend leur importance dans la couleur si vive de ces deux cadres. Les journalistes sont sur le bord du terrain. Par un couloir, on accède aux vestiaires, par l’autre, on retourne sur le terrain, en passant par le stand de frites. Et celui-ci a aussi son importance dans la vie d’un club, il n’y a qu’à voir la précision avec laquelle Guillaume Bresson a peint cette scène minuscule.
En regardant un panneau puis l’autre, c’est comme si on lisait une histoire dans le temps et l’espace. C’est tout le déroulement d’un match que l’artiste a mis dans son œuvre.
ART ET FOOT
L’art et le foot ne sont pas deux mondes étrangers. L’ancêtre du foot, le calcio, un mélange entre football et rugby, se jouait en Italie à la Renaissance. Des artistes de l’époque le représentaient déjà dans des gravures.
Au 20ème siècle, le foot est devenu très populaire. Depuis, de plus en plus d’artistes ont trouvé dans ce sport une source d’inspiration. C’est par exemple le cas de Philippe Parreno avec son célèbre film sur Zidane.
Aujourd’hui, Guillaume Bresson consolide cette passerelle entre art et football. Et c’est un bel aboutissement pour le Red Star qui, depuis 100 ans, essaye de faire ce lien entre culture et sport. Ou, comme en rêvait son créateur "travailler le corps" et, dans le même temps, "éveiller l’esprit".
Ci-dessous la galerie photo de l'inauguration ci-dessous.