Les vacances sont les vacances, même si nous sommes un peu en avance sur la Toussaint. Les élèves s'en réjouissent, c'est naturel, notamment ceux qui vont passer la semaine au stade Bauer. Le stade, ce sera la pelouse – mais ce sera aussi la grande salle tapissée de photographies historiques où nous nous retrouverons pour le « lab ». Autrement dit le laboratoire – qui traduit la volonté de la direction du Red Star de donner à ses jeunes joueurs un bagage culturel, un avant-goût de ce que sera le centre de formation quand le club en aura le droit parce qu'il aura accédé à la Ligue 2. Malgré ma réserve à l'égard des ateliers d'écriture, c'est pour cette raison que j'ai accepté.
L'intention est belle et – à vrai dire – elle frise le volontarisme. Pour être franc, l'expérience m'a rappelé les deux vers célèbres du Cid jamais tout à fait oubliés : « Nous partîmes cinq cents mais par un prompt renfort/ Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port », jolie rime, joli passé simple. Ici nous partîmes une douzaine, nous nous vîmes quatre à la dernière séance. Mais ces quatre là – il faut le dire – valaient le détour.
Ce sont quatre U13 – comme on dit – histoire de leur rappeler au passage que U c'est Under en anglais : Matthias (n° 4), Eymen (n°5), Jovany (n°7), Moussa (n°18). Nous sommes partis pour un nouveau petit dictionnaire amoureux, le numéro deux, qui prend la suite du premier, rédigé il y a deux ans. Nous avons trouvé ensemble des entrées nouvelles – autant que de semaines dans une année – et avons cherché des définitions qui sont arrivées de façon parfois rapide, parfois plus ardue, souvent dans une bonne humeur teintée de vacarme.
En avant-première, voici quelques bonnes feuilles – comme on dit – qui sont mes préférées ; ballon : notre rêve depuis qu'on est petit, reste notre passion ; coiffure(s) : variées – crête, touffe, dégradé, teinture, boule de cristal, etc ; contrôle: geste technique qui est la base du football ; éducateur: forme aussi bien des joueurs que des hommes ; glacière : siège de l'entraîneur marseillais cet automne ; Ibra : moins fort en 2014 que le Zlatan de 2012 ; joie : elle nous fait crier et sauter ; kiné : il nous fait crier et sauter ; lignes : sans elles, on jouerait même dans les tribunes ; maillot : on le porte, on le mouille, on le lave – le nôtre a une étoile ; passe : « le plus beau but que j'ai marqué est une passe » (mais il a quand même fallu leur expliquer cette phrase de Cantona) ; pied : outil footballistique, siège de l'intelligence ; pressing : le défenseur est le premier attaquant ; une-deux : à partager, sans modération , zéro-zéro : pas forcément nul.
La meilleure preuve enfin du bien-fondé de cette initiative, c'est quand je les ai vus, balle au pied, sur la pelouse, pour des récréations que je n'hésitais pas à laisser se prolonger. Ces quatre-là, ces quatre garçons, ont des pieds en or. Pour peu que la chance leur sourie, ils iront loin. Et s'ils continuent à manifester un certain intérêt pour une approche sensible et intelligente du football, ils seront de beaux joueurs.