Nestor Combin | Red Star Football Club
Portrait d’un finisseur hors-pair
Portrait d’un finisseur hors-pair
Terre de naissance, terre de rancoeur : l’Argentine
Le 29 décembre 1940 à Las Rosas, loin des turbulences que connait alors l’Europe, naît Nestor Combin. Son enfance est celle de tous ces pibes où le foot tient la place majeure. « Je n’aimais que ça » déclarera-t-il plus tard. A l’école primaire, il est déjà au-dessus du lot mais ce n’est qu’à quatorze ans qu’il prend sa licence dans un club amateur. Au Colon Rosario, il enquille les buts et impressionne les observateurs. Sa route croise déjà celle du Red Star puisque c’est un ancien audonien, Yeso Amalfi, qui le repère et lui propose de rejoindre l’hexagone. Lyon cherche alors un attaquant et c’est sur cet adolescent à peine majeur que les Gones jettent leur dévolu. A dix-huit ans, Nestor quitte parents et pays pour traverser l’Atlantique.
Certains ne lui pardonneront jamais. Quand il fait son retour dans sa patrie natale en 1969 à l’occasion d’une finale de coupe Intercontinentale contre Estudiantes, c’est un déluge de haine qui l’accueille. Buteur au match aller pour le Milan, il a attisé la rancoeur d’un pays qui le considère comme un déserteur depuis son départ. La Bombonera sera pour lui un enfer. Aspergés de café brûlant pendant l’échauffement, canardés de ballons en pleine figure pendant la photo officielle, les Milanais subissent les méthodes musclées du onze de la Plata. Combin se fait littéralement agressé et c’est le visage tuméfié et le nez fracturé qu’il termine le match. A l’issue de la rencontre, arrêté par la police locale, il est finalement relâché grâce à la pression de ses coéquipiers qui refusent de rentrer sans lui. Pas rancunier, il ne dépose aucune plainte contre son agresseur : « Ce qui se passe sur le terrain est l’affaire du football, pas de la police« .
Terre de triomphe, terre de titres : l’Italie
En Europe, son adaptation est expresse. Son duo prolifique avec Fleury Di Nallo du côté de l’Olympique Lyonnais attire très vite sur lui tous les regards. Son adresse, son agilité mettent tous les grands d’Europe à ses pieds, et c’est la Juventus qui empoche la pépite. Mais la Vieille Dame n’est pas faite pour lui et c’est chez le rival du Torino qu’il part exercer ses talents. Au Toro, il découvre « une famille« , se remet à marquer (une trentaine de réalisation en deux saisons) et conquiert la Coupe d’Italie. Repéré par le grand Milan, il signe en Lombardie, et s’impose en gagnant une Intercontinentale (voir supra). Il Selvaggio (le sauvage) est né.
Terre d’accueil, terre de retraite : la France
Il est alors temps de rentrer en France, dans ce pays qu’il a vu naître au professionalisme et lui a même offert la nationalité. Sélectionné à huit reprises avec les Bleus, il score quatre fois et participera notamment à la Coupe du Monde 1966.. Quand Nestor la Foudre débarque à Saint-Ouen, la sélection est déjà loin mais c’est en buteur providentiel qu’il arrive à Bauer. Joueur exemplaire, il signe en D2 par amitié pour l’entraîneur audonien José Farias. A trente-trois ans, il s’offre un dernier défi aux portes de Paris : faire remonter l’Etoile Rouge en D1. Auteur de vingt-quatre buts en 1973-1974, il dispute tous les matches et contribue grandement à l’accession dans l’élite des.Vert et Blanc. Hélas, le Red Star ne reste en D1 qu’une saison. Malgré les seize buts de « la foudre » et la reconstitution de son duo magique avec Fleury Di Nallo, les Redstarmen finissent derniers et replongent en D2 à l’été 1975. Combin quitte le club mais pas la mémoire des supporters. Il reste à ce jour le dernier audonien à avoir offert à Bauer une victoire en première division. Tout sauf anodin.
François-Xavier Valentin