La mise au point de Patrice Haddad
Face à l'actualité chargée du Red Star, Patrice Haddad a souhaité accorder une longue interview à Redstarfc93.fr. L'occasion de revenir sur un début de saison agité mais surtout de rappeler le cap fixé par le club. Mise au point avec le Président du Red Star.
Président, l’équipe Première connaît un début de saison extrêmement compliqué. Les prochaines semaines vont être déterminantes…
Avec dix défaites sur les treize premiers matches, c’est certain que l’on espérait autre chose de ce début de saison. On peut évoquer autant d'excuses que l'on voudra : un recrutement tardif, de nombreux blessés, un temps d’adaptation au National… On ne peut pas se limiter à ces explications. On a une équipe qui doit faire plus et qui doit faire mieux. Il faut prendre conscience que cela fait 10 ans que le Red Star attendait de remonter en National. On y est parvenu et on n’a pas le droit de gâcher çà. On a donc pris des décisions qui s’imposaient. Charge à chacun de nous, moi le premier, de prendre ses responsabilités. Il reste à jouer les deux tiers du championnat, les joueurs doivent prendre les leurs également. Il faut que l'on se relève ensemble et qu’on aille au combat.
La décision a été prise de remercier Athos Bandini. C'est un choix qui a pu paraître précipité ?
Quand on est dernier au classement et qu'on a perdu six matches à domicile sur sept, cela vaut toutes les alertes. Le temps coûte trop cher dans le football pour tarder, pour tergiverser et prendre le risque d'une décision qui arrive trop tard. Bien sûr, cela peut paraître un cliché du football ; les résultats ne sont pas là et on change d'entraîneur. Mais dans une situation qui devenait dangereuse, il fallait plus d'attentions, plus de précisions dans la gestion des détails. Ces avertissements n'ont peut-être pas été assez entendus. Je ne veux remettre en cause ni l'homme, ni l'entraîneur qui a eu les résultats qu'on lui connaît à Fréjus. Mais l'alchimie qui l'avait trouvé là-bas, ne s'est pas créée au Red Star. Même si cela ne remet pas en cause ses compétences, il n'était pas l'homme de la situation, ici et maintenant. Il faut reconnaître ses erreurs et les corriger au plus vite.
Le choix s'est porté sur Vincent Doukantie qui est aux commandes depuis deux matches. Est-ce une décision définitive ?
On sait que Vincent va nous accompagner longtemps dans le projet du club. L'idéal pour tout club de football, c'est de pouvoir grandir, en interne, grâce aux forces vives. C'est le cas de Vincent, comme de Steve. Ils sont issus de la maison et ils sont les mieux placés pour aider à la reconstruire. Après, on doit protéger le club et les personnes qui vont nous accompagner pendant longtemps, ne pas précipiter les choix. On s'est donné une courte période afin de juger de la meilleure décision à prendre, pour aider le club dans son projet. S'il faut renforcer Vincent, en apportant de l'expérience, on le fera. Mais je sais que dans le contexte actuel, je peux compter sur lui pour être conscient de l'importance de la situation et pour concerner tous les joueurs. Quoiqu'il en soit la décision définitive sur le staff se fera après la rencontre contre Ajaccio et en collaboration avec Vincent.
Où en est la structuration du club ?
Il y a une situation problématique à gérer sur l’équipe Première mais on doit poursuivre parallèlement un travail en profondeur de structuration. Nous avons voulu simplifier et clarifier l’organisation. Il y a le coach de l'équipe première et un poste de responsable technique qui est occupé par Sébastien Robert. Un patron sur l'équipe Première, un patron sur les jeunes. La cellule formation est un axe capital que nous devons continuer à développer. De ce point de vue, l’apparition de certains jeunes à l’entraînement, et même en match officiel, est une vraie preuve d’évolution. A côté de la formation, nous avons également mis en place une cellule de recrutement. La mission est triple : faire un état des lieux et identifier les besoins, renforcer en cours de saison et préparer la saison suivante. Ce système doit permettre de créer une continuité et une cohérence d’une saison sur l’autre, ce que nous n’avons pas eu la possibilité de faire jusqu’à présent.
Fabrice Bertone collabore justement sur cette cellule de recrutement ?
Oui, en effet. On a pu lire beaucoup de choses dans la presse et pas forcément juste… Fabrice Bertone nous accompagne depuis la fin de saison dernière en tant que conseil en recrutement. Il n'est ni directeur sportif, ni salarié du club. Il a montré à Arles-Avignon, une expertise en matière de recrutement, avec un budget limité, et c'est cette expérience qui nous a intéressée. Après, Fabrice Bertone a un procès en cours sur des événements qui remontent à la saison 2008-2009 à Arles-Avignon. Cela ne concerne pas le Red Star. Je jugerai sur les compétences et les résultats. Le reste, c’est à la justice d’en juger. Le procès aura lieu en janvier, et on fera les choix s’ils s'imposent à ce moment là.
Le club a dû beaucoup recruter à l'inter-saison. C'est un facteur de plus à gérer…
Il faut se remettre dans le contexte de l'inter-saison. Avant le 18 juillet, on est en CFA. Après, on est en National. Evidemment, si nous sommes en National au soir du 28 mai, la donne est différente. Evidemment, davantage de joueurs restent peut-être avec nous. Il ne faut pas oublier la concurrence des clubs en Ile de France. On a dû faire face à beaucoup de départs sur lesquels nous ne pouvions pas lutter en CFA. On a dû ensuite réaliser un recrutement tardif. Mais encore une fois, cela n'explique pas le classement actuel. Les joueurs qui nous ont rejoints ont le niveau National. La très grande majorité a déjà évolué dans cette division, certains connaissent même la L2. Il y a donc beaucoup trop de joueurs qui évoluent en dessous de leur véritable potentiel. C'est cela qu'il faut s'attacher à corriger. Il y a de la peur, certainement due à une série de mauvais résultats. Il faut chasser cette crainte des esprits et retrouver les fondamentaux.
Est ce que des nouvelles recrues vont arriver ?
On entend parler de beaucoup de joueurs, de beaucoup d'entraîneurs. Cette valse des noms est usante parce que, la plupart du temps, infondée. La réponse aux difficultés, elle est d'abord dans les pieds des joueurs qui nous ont déjà rejoints. A quelques exceptions, nous n'avons pas vu d'équipes très supérieures à nous et nous avons plus souvent offert les matches que nous les avons perdus. Oui, nous cherchons une ou deux recrue qui pourront, par leur expérience, apporter un vrai plus à l'équipe. Cédric Sabin en fait partie. Mais encore une fois la solution doit venir d'abord des joueurs qui sont dans l'effectif.
Les supporters ont répondu plus que présents depuis le début de la saison. Vous avez prévu de les rencontrer ?
Les supporters souffrent du début de saison. C'est partagé. On va déjà essayer de leur offrir un beau parcours en Coupe et cela passe par une victoire contre Mantes samedi. Puis on va s'attacher à redresser la barre en championnat. On a besoin d'eux. Ils le savent et ils sont là depuis le début de la saison. Maintenant l'échange est plus important que les belles paroles. On va donc mettre en place une réunion avec tous les supporters qui le souhaitent le 10 novembre prochain. Cela sera l'occasion de débattre ensemble du projet du club, avec humilité et ambition.
