Eugène Maës

Eugène Maës | Red Star Football Club

Le premier artilleur du Red Star !


Il est la première vedette du Red Star et plus largement du football français. Tête d'or comme le surnomment rapidement ses admirateurs et coéquipiers est un avant (comme on dit alors) de talent. Buteur d'exception, soldat de devoir, il voit sa carrière brisée trop tôt par la Grande Guerre. International français à de nombreuses reprises, il a marqué l'Histoire par son adresse sur les terrains et sa droiture pendant le deuxième conflit mondial. Portrait d'Eugène Maës, l'un des pionniers du Red Star.

Débuts et des buts
A la fin de l’été 1890 naît, dans le Paris de la Belle Epoque, le petit Eugène. Il passe son enfance loin d’un football, et pour cause : ce sport est encore balbutiant dans la capitale française. Le Patronage Olier, son premier club n’est crée qu’en 1895. C’est là-bas qu’il se familiarise avec le ballon rond. Avec ce club catholique de la rue d’Assas, il remporte ses premiers titres, âgé seulement de dix-sept ans ! Contre la SM Puteaux en 1908, il décroche le Trophée de France, la Coupe la plus prestigieuse de ce début de siècle. Son équipe gagne 3-0, Eugène inscrit le dernier but. Son devoir est rempli, il peut rejoindre le Red Star en 1910. Le club de Jules Rimet, déjà solidement réputé, a de nouvelles ambitions. Son nouveau stade à Saint-Ouen et son inscription à la toute nouvelle LFA (Ligue de Football Association) en témoignent. L’arrivée de Maës offre aux supporters audoniens l’assurance de voir des buts.

La gâchette des Bleus
Eugène est centre-avant des Redstarmen et se voit offrir ses premières sélections avec l’équipe de France. Comme un symbole, sa première cape intervient pour l’inauguration du stade de Saint-Ouen (qu’on n’appelle pas encore Bauer) contre l’Angleterre. Il tente beaucoup mais les Bleus s’inclinent sèchement (0-3). Il doit attendre sa troisième sélection contre l’Italie toujours dans son jardin audonien pour ouvrir son compteur international. Auteur d’un doublé, il accroit un peu plus sa renommée. Son histoire est lancée, il marque maintenant à presque chacune de ses apparitions avec la sélection. Lors des doubles confrontations contre la Belgique et la Suisse, il améliore ses statistiques. Le journal l’Auto n’hésite alors pas à le qualifier de « meilleur avant-centre du continent ».  Il faut dire que ses statistiques sont affolantes : 15 buts en 11 sélections, soit un ratio d’1,36 but/match ! Son physique pourtant ne le prédestinait pas au football : « De petite taille, il n’en possède pas moins une détente prodigieuse et une puissance de frappe redoutable. Ce qui ne gâche rien, c’est un joueur de tête fantastique » (1). Ses buts ne sont pas tous des modèles d’élégance, les charges sur le gardien sont alors tolérées et « tête d’or » en profite allègrement.

L’heure de gloire
Le grand jour d’Eugène en bleu a lieu à Turin en 1912. Ayant obtenu une permission militaire, il arrive dans le Piémont quelques heures seulement avant la rencontre. Pas fatigué pour autant, il inscrit un triplé mémorable et offre à la France une victoire de prestige 4-3. Avec le Red Star, son destin est tout aussi glorieux. Aux côtés de Gamblin ou Chayriguès, il conquiert le championnat LFA en 1912. Ces succès valent à l’Etoile Rouge d’affronter les plus grands clubs européens. Face aux professionnels anglais de Tottenham, les Audoniens cédent de justesse à domicile (1-2). La guerre, hélas, vient stopper l’ascension d’un des plus beaux onze que le Red Star ait jamais connu. Maës revient du front blessé, et rejoint le Stade Malherbe de Caen. C’est la fin de son aventure audonienne.

Une mort terrible
En Normandie, il mène une vie paisible ouvrant une école de natation. Mais le malheur ne le laisse pas tranquille et la seconde guerre mondiale éclate alors qu’il s’apprête à fêter ses cinquante ans. Pendant cette période, il fera partie de ces rares sportifs résistants. N’hésitant pas à manifester son dégoût pour la personne de Marie-Clotilde de Colombiens, maîtresse d’un des chefs de la Gestapo, il est dénoncé pour propos anti-allemands. Arrêté en 1943, il meurt déporté le 30 mars 1945.
Héros oublié, il figure encore aujourd’hui dans le Top 20 des buteurs français en sélection. Les grands buteurs sont immortels, les grand hommes encore plus. Eugene Maes était à la fois l’un et l’autre.

François-Xavier Valentin

(1) « Red Star, Histoire d’un siècle » de Pierre Laporte et Gilles Saillant, à découvrir dans la boutique officielle !



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