L’éducateur des U13 et des U19 PH dévoile à travers le « Qui es-tu? » son parcours et sa passion du football.
Comment ton enfance s’est-elle passée ?
Je suis né en Côté d’Ivoire et je suis arrivé en France à l’âge de cinq ans. Je me souviens avoir eu quelques difficultés à l’école, parce que je ne parlais pas la langue quand je suis arrivé. Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter. C’est dans les premières années que j’ai découvert ce qui a été mon premier sport : le tennis. J’en ai fait pendant un an, surtout sur un court du quartier, en dehors d’un club.
A quel moment le football est-il entré dans ta vie ?
Un copain ramenait souvent son ballon dans la cité. Et c’est à l’âge de douze ans que j’ai réellement commencé à aimer le football. Je jouais pas mal dans le quartier après la classe, puis j’ai signé ma première licence à Aubervilliers en 1990. J’avais 14 ans. On appelait ça les Minimes à l’époque. Je n’étais pas doué techniquement à ce moment-là. J’étais athlétique : je sautais haut, je courais vite. Il m’a fallu plusieurs détections pour pouvoir intégrer le club tellement mon niveau technique était médiocre. La fois où j’ai été pris, je me souviens avoir été le tout dernier à être sélectionné. Tahar Slimi, qui est toujours entraîneur à Aubervilliers, m’a donné ma chance. J’ai progressé très vite sur le plan technique, notamment grâce au football de quartier. J’en étais arrivé à être un joueur plus technique que physique. J’étais assez habile des deux pieds. J’ai commencé à jouer avant-centre, puis milieu de terrain en Juniors. Je devais intégrer le groupe CFA mais je me suis gravement blessé la saison juste avant. J’ai mis deux ans à me remettre de cette blessure. Je suis revenu comme latéral gauche à Bobigny.
Qu’est-ce qui t’a conduit à devenir éducateur?
Au moment de ma blessure, je ne pratiquais plus d’activité sportive. Eric Santamaria, qui était lui aussi à Aubervilliers à ce moment-là, m’a donné la possibilité d’encadrer des Benjamins, en 1996. Depuis, je n’ai jamais arrêté. J’ai passé l’Initiateur 1, l’Initiateur 2 et l’Animateur Seniors. J’ai échoué au Brevet d’état en 2003 et je n’ai jamais eu le temps nécessaire pour le repréparer. Entre Aubervilliers, Bobigny et le Red Star, j’ai touché à toutes les catégories de jeunes.
Quels sont les caractéristiques de l’éducateur Souma Bakayoko ?
La persévérance, le don de soi et l’apport de toutes mes connaissances et mon savoir-faire à l’enfant. Mon seul but est de voir chaque enfant progresser.
As-tu déjà profité de ton homonymie patronymique avec l’ancien joueur de l’Olympique de Marseille pour avoir une meilleure place au restaurant ?
Jamais ! Avant que ce joueur ne vienne en France, personne ne savait prononcer, et encore moins écrire, mon nom. On s’est même souvent moqué de moi. Mais depuis qu’Ibrahima Bakayoko a évolué au plus haut niveau, c’est terminé. Les gens me demandent souvent si je fais partie de sa famille. La réponse est non : nous n’avons aucun lien de parenté.
N’est-il pas parfois difficile de concilier le football et les exigences de la vie professionnelle?
C’est très difficile. J’y arrive par amour du foot. Cela demande une grande volonté. Je suis chauffeur de bus et j’ai parfois des horaires décalés. Il m’arrive de commencer ma journée très tôt, de la finir en début d’après-midi et de n’avoir qu’une heure pour récupérer avant d’aller entraîner les jeunes. C’est la passion du football qui me pousse.
Propos recueillis par David Palaysi