L’entraînement du gardien de haut niveau L’entraînement du gardien de haut niveau

L’entraînement du gardien de haut niveau | Red Star Football Club

Faouzi Amzal : "Etre performant le jour du match"

Après avoir abordé le mois dernier la formation des gardiens de buts avec David Boulanger (à lire, en cliquant ici), Faouzi Amzal revient sur les spécificités de l’entraînement du gardien de but de haut niveau…

Quelle méthode d’entraînement s’applique aux gardiens de l’équipe première ?
Suite aux échanges que je suis amené à avoir avec le staff, nous axons le travail sur un domaine particulier. Contrairement aux jeunes qui travaillent par cycles, j’interviens sur les besoins spécifiques du moment, sur des périodes qui peuvent s’étaler sur quatre semaines. Par exemple, pendant un mois, nous venons d’effectuer un travail destiné à gagner en explosivité, sur la base d’un gros travail athlétique. Mon objectif quotidien est de réunir les conditions pour que les gardiens soient performants le jour du match.

Quelle part du travail est consacrée à la préparation physique ?
L’essentiel de la charge athlétique est concentrée sur les débuts de semaines, au cours desquels je mets les gardiens en difficulté, avant de les mettre en confiance en fin de semaine, en les rassurant sur les certitudes sur lesquelles ils pourront s’appuyer en situation de match pour être performants dans le jeu. J’ai la charge des gardiens durant toute la semaine. C’est donc moi qui m’occupe de leur préparation athlétique, même s’il arrive, notamment en début de saison, que Randy Fondelot prenne les gardiens en main pour effectuer un travail foncier au même titre que les joueurs de champ.

Existe t-il une procédure d’évaluation qui permet de suivre la progression d’un gardien dans tel ou tel domaine spécifique ?
L’évolution est palpable dans la performance du week-end. Dans la continuité de la saison, un travail est mené sur les lacunes de chacun, en mettant en place des choses toute l’année qui vont leur permettre de gommer certaines lacunes, et de les faire évoluer au quotidien.

On assiste à beaucoup d’exercices de répétitions de gammes lors des séances ou la variété des exercices est privilégiée ?
Dans les entraînements que je mets en place, nous allons répéter quatre ou cinq fois la même situation au cours d’un même exercice. Pour qu’un geste soit maîtrisé, la répétition est cruciale pour que le geste soit acquis et maîtrisé sur une situation donnée. Mais sur l’ensemble d’une saison, ma tâche première consiste à apporter de la variété dans les exercices proposés.

Avec des gardiens dont la formation est achevée, reste t-il de la place pour des réajustements techniques, ou entretiens-tu les acquisitions de chacun ?
L’évolution du gardien est quotidienne. On ne peut pas dire qu’un gardien stoppe sa progression à un certain âge. Il faut savoir qu’à la base, les gardiens de buts sont des bêtes de travail et se bonifient avec l’âge en suivant une progression permanente que ce soit dans le domaine du jeu aérien, de la lecture du jeu, ou du travail athlétique et technique. A haut niveau, le travail est beaucoup plus personnalisé que chez les jeunes. Les besoins d’un Xavier Lo Mele ou d’un Xavier Pinoteau sont différents. On part d’un diagnostic des faiblesses qui peuvent se travailler sur l’année, mais également sur des défaillances ponctuelles, qui correspondent à la forme du moment. Encore une fois, la priorité pour un gardien de haut niveau, c’est de le rendre performant pour le match du week-end.

Les spectateurs s’attachent généralement à la réalisation d’arrêts réflexes, mais qu’est-ce qui compte le plus aux yeux d’un entraîneur de gardien de but dans l’évaluation d’une performance ?
C’est le contenu du match dans son ensemble qui m’importe. Des situations peuvent sembler anodines pour le spectateur parce qu’elles ne vont pas générer d’occasion de but, mais l’entraîneur de gardien va y accorder de l’importance car le gardien ne doit pas permettre à l’adversaire de se créer des situations de buts. Nous nous attachons à des détails relatifs au placement, au commandement de la défense, à l’anticipation, ou à la lecture du jeu. Quand j’observe mes gardiens en situation de match, ce qui m’intéresse c’est le comportement général du gardien, la gestion d’une situation quand l’équipe a la possession du ballon ou quand elle ne l’a pas.

Quel rôle tient la personnalité à ce poste unanimement reconnu comme spécifique ?
Le gardien de but doit être un leader dans le vestiaire comme sur le terrain. Il doit rassurer ses partenaires sur le terrain, et dans les messages qu’il est amené à passer à ses coéquipiers. Un gardien qui est fébrile, qui ne dégage pas de sérénité, va inévitablement le communiquer à l’équipe. Le gardien capable d’être décisif dans ses matches sans rien exprimer, ça arrive, mais à un moment donné il aura besoin de s’affirmer.

La préparation mentale est-elle prépondérante ?
Absolument. C’est un poste auquel on peut influer sur le résultat dans un sens comme dans l’autre. La confiance qui habite le gardien doit être la même que celle de l’attaquant qui se présente face au but. A ces postes, on évolue dans les zones de vérité, où le mental est primordial. Une période d’euphorie peut s’installer sur quelques matches, avant de sombrer et se retrouver en difficulté sur les matches qui suivent. C’est la raison pour laquelle j’essaye de bousculer un peu les gardiens en début de semaine par la charge de travail, et plus on se rapproche du jour du match, plus on essaye de conforter leurs certitudes de sorte qu’il n’y ait aucun doute dans l’approche du match.

Propos recueillis par Michaël Grossman
© Photo : PanoramiC



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