Le directeur technique du Red Star évoque la détection de nouveaux joueurs, et l’évolution du positionnement au fil d’une carrière…
Comment s’organise la détection au Red Star ?
Une réunion de travail sera organisée tout prochainement sur le sujet avec les responsables de catégories. Nous définirons ensemble les grandes lignes du recrutement. La détection doit être présente dans tous les esprits pendant les matches, tout au long de la saison. Certains joueurs ont d’ores et déjà été repérés de la sorte. Je préfère ce fonctionnement à l’organisation de journées de détection, qui mobilisent beaucoup de gens pour peu de résultats car beaucoup se présentent sans avoir le niveau requis. Nous devrons toutefois très certainement en passer aussi par là pour trouver les joueurs dont le club aura besoin. Si nos équipes U17 et U19 étaient au niveau national, il n’y aurait pas de problème pour faire venir de très bons joueurs de la région. Nous devrons donc être très sélectifs, pour recruter des joueurs que nous sommes en mesure d’attirer et qui nous permettront d’atteindre ce niveau.
Quels profils intéressent plus particulièrement un club comme le Red Star ?
La première des choses, c’est que nous voulons de bons footballeurs, habiles techniquement. Avec l’expérience, ces qualités se voient rapidement. Mais Roger Lemerre m’a dit un jour : « Quand on prend un joueur, pendant deux mois, on ne voit que ses qualités ; après deux mois, on ne voit plus que ses défauts ». Et les défauts, sont généralement liés à l’aspect mental. Il donc est primordial d’essayer de savoir si le mental suit, s’ils seront capables de s’intégrer dans le projet du club. Ensuite, comme dans tout groupe, peuvent se présenter des pénuries à des postes spécifiques. Nous sommes contraints d’en tenir compte, mais ce n’est pas la priorité. La priorité c’est de faire venir de bons joueurs. En fonction des besoins, ils seront ensuite dirigés vers tel ou tel poste.
La morphologie est-elle un critère primordial pour définir le meilleur poste auquel pourra évoluer un joueur ?
Bien sûr. La morphologie détermine souvent le poste. Maintenant, ce n’est pas non plus à prendre au pied de la lettre. J’entends par exemple beaucoup d’entraîneurs qui affirment qu’en dessous d’un mètre quatre-vingt cinq, une carrière n’est pas envisageable au poste de gardien. Selon moi, c’est faux : la taille n’est pas un critère excluant. Si le joueur a du talent, il réussira.
Quels autres critères sont prépondérants dans le positionnement d’un joueur en phase de formation ?
Evidemment, celui qui est le plus adroit a plutôt tendance à être affecté à un poste offensif, tandis que celui qui est plus vaillant, qui ne lâche jamais rien, aura tendance à être utilisé dans le secteur défensif. Mais la lecture du jeu, voir vite et le plus important, faire le bon choix, sont des critères cruciaux. C’est ce qu’il y a de plus difficile dans le football, et tous les grands joueurs possèdent ces qualités. Quand il faut dribbler, ils dribblent, quand il faut faire une bonne passe, ils la font, ils tentent un tir ou changent le jeu au bon moment, gèrent les temps forts et les temps faibles… C’est ça, le talent. Beaucoup de jeunes ont d’énormes qualités, mais peu d’entre eux sentent ces choses-là.
Quel changement radical de positionnement peut connaître un joueur au cours de son évolution ?
Curieusement, ça arrive. Souvent, un attaquant se reconvertira à un poste défensif, et pratiquement jamais dans le sens inverse. Au fil du temps, un joueur habile en catégories de jeunes comme attaquant va tomber sur des défenseurs plus expérimentés, et peut ne plus passer. Pour ces bons joueurs, il faut essayer de trouver leur place plus en retrait. Et des joueurs qui ont débuté attaquants peuvent faire des carrières remarquables en défense.
L’exemple typique, c’est Laurent Blanc, passé d’un rôle de meneur de jeu de très bon niveau à celui de libéro de niveau international. Aurait-il tiré profit d’un repositionnement plus précoce ?
Je ne pense pas, car le fait d’avoir été meneur de jeu lui a servi. Ca lui a permis de mieux sentir les choses, c’est sûr et certain. S’il avait été libéro de formation, il est possible qu’il ait été moins brillant.
Propos recueillis par Michaël Grossman