Le docteur Lefèvre est en charge du suivi médical du Red Star. Revue d’effectif des petits et gros bobos qui se présentent à lui.
Cette période de l’année est-elle particulièrement éprouvante pour les organismes ?
Pas tellement. Les joueurs s’entraînent tous les jours, mais une seule fois par jour. Le nombre de matches à disputer n’est pas élevé. C’est vrai que la météo n’a pas été favorable ces dernières semaines. Le contexte climatique, avec beaucoup d’humidité, du froid, n’est jamais très bon pour les muscles, les tendons, et les articulations. Mais globalement, le nombre de blessés que nous avons eu à traiter n’est pas très important.
Est-ce que les caprices du calendrier ajoutent de la difficulté ou est-ce pour vous au contraire une opportunité pour ménager des organismes sollicités par la préparation foncière ?
Les joueurs ont de la chance : avec Randy Fondelot, ils ont un préparateur physique qui est quelqu’un de très structuré, très carré. Les programmes qu’il leur propose sont très adaptés. Ils ont un niveau de préparation qui est très correct par rapport au calendrier et au matches qu’ils doivent disputer.
Nous attendions la bonne nouvelle du retour de Farid Hazem, et Jérémie Gazeau semble malheureusement devoir prendre sa suite à Capbreton ?
Farid Hazem est en phase finale de rééducation. Il rentre de Capbreton. Il réintègre le groupe la semaine prochaine, sur un programme un petit peu marginal pour l’instant parce qu’il y a tout un travail de préparation physique et cardio-respiratoire qui est en cours de finalisation, Il devrait être en mesure de réintégrer normalement le groupe entre la fin du mois de février et le début du mois de mars. C’est une bonne nouvelle pour le groupe : il va pouvoir disputer la fin de la saison. Quant à Jérémie Gazeau, il souffre effectivement d’une entorse assez grave du genou, qui justifie une opération la semaine prochaine, le 8 février. Comme pour Farid Hazem, les ligaments croisés sont touchés, donc la saison est terminée pour lui. L’objectif est de le remettre sur pied pour la saison à venir.
Quelle est votre perception de la méthode non opératoire privilégiée par certains footballeurs pour ce type de pathologie ?
On peut faire le choix de ne pas opérer les gens, opter pour les muscler le plus que l’on peut. Mais ça ne dure qu’un temps. Ce sont des joueurs qui ne sont pas à cent pour-cent. Psychologiquement, ils se sentent faibles parce qu’ils ont la sensation que le genou peut lâcher à tout moment. Ce sont des gens que nous opérons à un moment ou un autre en profitant d’une trêve. Les mois qui suivent au cours desquels il faut les remettre à niveau, on les perd à un moment ou un autre. Sans parler des complications toujours possibles. Jouer avec un ligament croisé en moins présente toujours un risque d’instabilité, avec des lésions secondairement possibles sur le ménisque. Ce qui fait que quand on les opère six mois ou un an plus tard, le genou est évidement plus abîmé qu’il ne l’était au départ. Pour un garçon comme Jérémie, nous avons bien réfléchi avec le joueur et avec l’entraîneur. Autant ne pas hypothéquer l’avenir et faire les choses correctement. Nous savons très bien qu’au bout de six mois, ce sont des garçons que nous récupérons dans de bonnes conditions.
Comment travaillez-vous avec José Nséké et Alexandre Baldini, en phase de reprise ?
Ce sont deux situations différentes. Pour José Nséké, c’est une cheville traumatique avec des séquelles d’entorses à répétition dans le passé. Pour le remettre sur le circuit, il fallait vraiment l’opérer. Nous avons fait une tentative pour ne pas l’opérer, nous avons perdu un mois. Comme nous nous sommes rendus compte qu’il n’allait pas mieux avec les traitements appliqués, nous avons très vite demandé l’avis d’un chirurgien spécialiste de la cheville qui n’a même pas hésité. Même si nous savions que nous n’allions le faire rejouer qu’au bout de trois mois, au moins après nous allions être tranquilles, ce qui est d’ailleurs le cas. José reviendra dans le groupe en février, il sera prêt à jouer. Concernant Alexandre Baldini, c’est une pubalgie. Et les pubalgies sont très piégeantes parce qu’en général, ce sont des gens qui ont mal mais qui peuvent jouer. On n’ose généralement pas les arrêter pour les opérer, ce qui est une bêtise, parce que là aussi, à un moment ou un autre, on les opère. Nous avons fait opérer Alexandre début septembre, et là, il est bien désormais. En février, il reviendra. C’est un garçon qui est sérieux, qui est très structuré. Il a été très coopérant et en même temps très adhésif à son traitement et à sa préparation.
Outre ces cas sérieux, vous n’êtes pas préoccupé par la quantité de blessures survenues ces dernières semaines au sein de l’équipe ?
Non, c’est classique, pour l’instant. Le reste, ce sont des petits bobos. Des béquilles, des lésions musculaires, des choses qui ne durent pas.
Quelles analyses peuvent mener un staff médical pour prévenir des pathologies les plus fréquentes?
Nous avons la chance d’avoir un bon kinésithérapeute en la personne de Jean-Paul Mas. Il n’y a pas de laisser aller. Globalement, le moindre pépin est immédiatement pris en charge dans de bonnes conditions. Ca ne génère que de très courtes indisponibilités. Effectuer un vrai suivi biologique de l’entraînement réclame des examens un peu sophistiqués qui coûtent un peu cher. Nous ne sommes pas encore à ce niveau-là. C’est un peu délicat d’institutionnaliser une vraie surveillance médicale de l’entraînement avec des batteries de tests à faire régulièrement. Tant que sportivement, nous sommes en CFA, c’est difficile de se lancer là-dedans. En national ou en Ligue 2, on pourra structurer un suivi.
Propos recueillis par Michaël Grossman