Dans cette première partie, Patrice Haddad répond aux questions des internautes sur deux thèmes principaux : la saison en cours et le projet du Red Star. D’autres thématiques fortes seront bien sûr couvertes la semaine prochaine comme le Stade Bauer ou la formation.
La saison en cours
Quels sont les objectifs pour cette saison ?
Notre recrutement s’est porté cette année sur des joueurs qui ont déjà connu le niveau supérieur et qui peuvent nous y amener. Nous voulions mettre de la maturité dans le vestiaire, avec des joueurs capables de se projeter dans l’avenir. Il faut maintenant que la qualité individuelle de chaque joueur se mette au service du collectif. Aujourd’hui, le travail est de construire un groupe sur la durée, avec l’objectif de monter le plus rapidement possible. Il faudra pour cela terminer cette saison dans la première moitié de tableau, en effectuant une seconde partie de saison nous permettant de lancer, d’ores et déjà, la saison 2010-2011.
Plus largement, les objectifs d’un club ne peuvent se limiter à son équipe 1. La notion de groupe dépasse le cadre de la CFA, et concerne les passerelles que nous devons entretenir entre toutes les équipes seniors avec pour objectif de permettre aux équipes 2 et 3 de trouver leur stabilité et de grandir aussi.
Comment analysez-vous ce manque de régularité dans les résultats ? Daniel Legrand
Cette maturité dont on parlait est un facteur clé. Nous ne l’avons pas encore trouvé de manière constante mais on y travaille. Il faut savoir gagner sans pratiquer notre meilleur football. Etre capable de palier les insuffisances ponctuelles – le manque de réussite, le manque de rythme, le manque de jus – grâce au groupe. La régularité dépend de cette capacité à gérer nos moments d’absence sur le terrain. Gérer les matchs où cela tourne moins bien. Gérer les périodes creuses dans un match. Ce n’est pas encore le cas. J’attends qu’on gagne un match après avoir été dominé puisque l’inverse s’est déjà produit !
Après tous ces changements à tous les niveaux, le temps de la rigueur et de la stabilité des effectifs aussi bien staff technique que joueurs pour construire l’avenir sur des solides bases est-il venu ?
Oui bien sûr. La pérennité du groupe fait partie des objectifs prioritaires que nous nous sommes fixés, dès l’arrivée d’Alain Mboma. Mais il est essentiel que cette stabilité ne concerne pas uniquement l’équipe 1. Elle doit être pensée de manière globale à tous les échelons, avec les éducateurs. On sait que c’est un chantier difficile parce que le niveau actuel du club ne permet pas de proposer aux jeunes joueurs les possibilités d’évolution vers un statut professionnel au sein même du Red Star. Mais c’est un chantier sur lequel nous travaillons déjà. Car cette stabilité est aussi fondée sur des valeurs : le sentiment d’appartenance à un projet, à un club, à une famille. Cette identité est la force du Red Star.
Le projet du Red Star
Peut-on savoir concrètement quels sont les projets d’avenir pour le club ?
Il ne peut pas y avoir d’autres objectifs que celui de reconstruire un grand club. Mais cette reconstruction a un maître-mot : la patience.
Entre l’initiation du projet et son aboutissement, le chemin est long. Notre ligne directrice est d’accéder au National d’ici la fin de saison 2011-2012 et de retrouver, à l’horizon 2015, la Ligue 2. Une fois que le club aura retrouvé le statut professionnel, le Red Star peut nourrir beaucoup d’ambition.
C’est un projet sur 10 ans. Mais il faut poser dès aujourd’hui la première pierre et garder en tête cette phrase de l’architecte Yona Friedman : « Think Present. Planning the future ».
Où va le Red Star ? Il semble que c’est la fuite en avant.
Une fuite en avant par rapport à quand ? Au passé ? Depuis ma présidence ? Depuis le début de la saison ? Il faut cesser de comparer le Red Star d’aujourd’hui à celui d’hier. Pour grandir, le club doit se construire sur ses valeurs actuelles, se concentrer sur la réalité et l’analyse du présent.
La saison dernière a été une saison catastrophique mais elle nous a permis d’avancer. Nous avons reconstruit le projet par la base, en s’appuyant sur des hommes, en renforçant l’encadrement, sportif et administratif. Parce que la professionnalisation du club passe d’abord par la professionnalisation de sa structure. Aujourd’hui, avec Alain Mboma, David Giguet, Patrice Lecornu, et François Gil, nous avons une structure sportive que beaucoup de clubs peuvent nous envier. A la direction administrative, en communication, en marketing et en commercial, nous avons également posé les fondements qui nous permettent de voir loin. Nous sommes en année 1 du projet. Il y a des avancées. De l’extérieur, ces avancées ne sont souvent visibles que par étapes. De l’intérieur, je les observe au quotidien. Pour exemple, nous annoncerons d’ici la fin décembre un partenariat fort. C’est le fruit de démarches entreprises il y a de longs mois. Alors pour répondre à votre question, non je ne pense pas qu’il y ait de fuite en avant mais de grands pas en avant.
Toutes proportions gardées, à quelle équipe souhaiteriez vous que le Red Star ressemble dans les années à venir ? Daniel Legrand
Si nous parlons de modèle, j’en citerai deux, qui sont d’ailleurs marqués par le même homme, Johan Cruijff : l’Ajax et le Barça.
Quand on observe le classement du ballon d’or 2009, non seulement, on voit qu’il y a trois Barcelonais aux quatre premières places, mais surtout on réalise que ces 3 Barcelonais ont été formés à la Cantera, au centre de formation du FC Barcelone. C’est un club qui s’est construit de manière verticale. Le club et les supporters participent à une identité et à une philosophie footballistique, auxquelles adhère chaque joueur du club, de l’école de foot à l’équipe première. La philosophie d’un football total, où il faut toujours marquer un but de plus que l’adversaire. C’est cette philosophie que je veux voir au Red Star, avec un club et des joueurs qui veulent se porter vers l’avant.